Comment vous êtes-vous intéressé aux low-techs ?
Durant mes études d’ingénieur, j’ai étudié la mécanique, j’ai pas mal bricolé et appris à manipuler des outils, des machines, j’ai pris goût au bricolage. Je me suis ensuite spécialisé dans les énergies renouvelables en Allemagne. Lors de mon dernier semestre, j’ai pris conscience du problème des ressources sur la planète. Je me suis intéressé à l’ingénierie frugale, qui consiste à faire mieux avec moins, et je me suis tourné vers les low-techs.
C’est quoi, les low-techs ?
Ce sont des innovations simples, durables et accessibles à tous. Elles sont opposées aux high-tech, qui elles utilisent beaucoup de ressources et qui sont loin d’être durables. J’ai décidé de découvrir et promouvoir ces technologies sobres. Il existe de belles initiatives partout dans le monde que j’ai envie de partager. Certains créent des smartphones modulaires par exemple. Sur moi, j’ai un réchaud à bois construit avec des boîtes de conserve. Il a un rendement beaucoup plus élevé que ceux au gaz, et je peux trouver le bois partout, ça me permet d’être plus autonome.
Il y a quelques jours, vous vous êtes lancé dans une grande aventure à vélo…
Oui ! Mon ancien colocataire m’a beaucoup inspiré : il s’était rendu en Grèce à vélo et je l’avais aidé à préparer son voyage. J’avais donc envie de lier un tour d’Europe de l’Ouest à vélo, pour promouvoir les transports doux, et la découverte de belles initiatives. Pour moi le vélo est le moyen de transport du futur. Il est plus écologique, plus économique, et sociable : on fait des rencontres, on s’arrête quand on veut pour regarder le paysage… c’est l’éloge de la lenteur. Je voyage vraiment pour découvrir, apprendre et faire des rencontres. J’utilise une plateforme qui permet à des habitants d’héberger des cyclotouristes comme moi. Ces personnes me donnent des conseils et me permettent d’enrichir mon programme, de trouver des nouvelles low-techs qui ne sont pas encore référencées sur le « low-tech lab », un site collaboratif.
Quels sont vos objectifs, avec ce projet ?
C’est d’une part d’apprendre à vivre de façon plus simple. Découvrir de nouveaux savoir-faire, comme construire une maison soi-même avec des matériaux locaux, utiliser de l’énergie propre avec des chauffe-eaux solaires, jardiner en permaculture, réutiliser ses eaux, réduire ses consommations. Je voudrais être plus autonome, et le partager pour montrer que c’est possible.
Comment se sont passés ces premiers jours sur la route ?
Plutôt bien. Je suis parti de la place de la gare de Strasbourg, un lieu symbolique qui m’a permis de montrer mon côté militant. Les premiers jours m’ont permis de me tester : je suis autonome en énergie, car je charge ma batterie grâce à la dynamo du vélo. J’ai dormi quelques fois dans la forêt, ce qui n’était pas toujours facile, car j’alimentais beaucoup mes réseaux sociaux. J’ai choisi de dormir chez l’habitant plus souvent. Je suis passé par le Luxembourg, à Beckerich, où j’ai rencontré une entreprise qui construit des habitats autonomes à partir de matériaux recyclés. Je me dirige actuellement vers Louvain-la-Neuve pour rencontrer les habitants de « La Baraque », une communauté alternative qui vit dans des habitats légers (yourtes, dômes) avec un grand jardin partagé. Au total en cinq mois, je visiterai neuf pays.
Vous êtes de plus en plus suivi sur les réseaux !
Au fur et à mesure de mes rencontres, de plus en plus de personnes me suivent. C’est un projet personnel, mais aussi d’utilité publique. Chaque jour, je remplis mon « guide de voyage » avec un résumé de ma journée en photos. Il existe aussi une page de financement participatif sur laquelle on peut me soutenir financièrement ou me donner des conseils.
Quel est le lien entre votre projet et l’Alsace ?
Je souhaite motiver les gens autour de moi à construire ensemble, à collaborer et échanger nos savoir-faire. Avant de partir, un apéritif avait été organisé à Haguenau sur le thème des low-techs avec le collectif Haupla (Haguenau Autrement pour l’Avenir). Un groupe s’est formé ce soir-là pour construire un vélo multifonctionnel, qui pourrait mixer des fruits par exemple. À mon retour, je pense que ce projet aura déjà bien avancé! Mon objectif est aussi de revenir par l’Alsace. Je passerai notamment par Ungersheim, considéré comme le village modèle de la transition écologique.
Vous pouvez suivre Clément via son guide
www.polarsteps.com/ClementFrancois ou sa page Facebook «cyclowtech»
Pour le soutenir :
wweeddoo.com/projets/A7RtkHobu-