Edmond Grandgeorge est né en 1946 à Sainte-Marie-aux-Mines. Après ses Études, Licence (1968), Maîtrise (1969), Agrégation de Lettres classiques (1971), il est nommé professeur de Lettres classiques au Lycée Stanislas de Wissembourg, puis exclusivement de Cinéma à partir de 2001. Il prend sa retraite en 2006. Chevalier des Arts et des Lettres (en 2003) et des Palmes académiques (en 2004), il a créé en 1980 l’association
« Ciné-Club de Wissembourg » dont il est le président.
Vous, le Lycée de Wissembourg et le cinéma, c’est une longue histoire !
Oui. Au début des années 80, j’ai participé au congrès
« Cinécole » de Cannes qui était organisé par les Ministères de la Culture et de l’Éducation nationale. Quand Jack Lang a lancé les sections cinéma en France, le Lycée Stanislas est devenu l’un des 13 établissements de France à mettre en place un enseignement du cinéma et de l’audiovisuel à titre expérimental. C’est un motif de fiertés, car nous étions la plus petite ville des 13.
Plus jeune, vous aimiez le cinéma ?
Je me souviens du cinéma « Le Kléber » à Strasbourg où j’allais voir des films d’Antonioni et de Visconti avant de rentrer chez mes parents, cela préfigurait mon intérêt pour le cinéma d’art et d’essai. Plus tard, dans le cadre du ciné-club en milieu scolaire, j’ai organisé des séances pour les élèves, pendant leur semaine de cours. Pour payer les frais de location, j’assurais des projections en soirée pour le public. En 1980, au moment de l’ouverture du Relais culturel de Wissembourg, j’ai créé l’association Ciné-club de Wissembourg.
Quels sont les films qui ont marqué votre vie ?
Nous avons projeté plus de 800 films depuis la création du ciné-club, alors pour moi c’est une question délicate. J’ai travaillé une cinquantaine d’heures sur « Le mépris » de Godard où j’ai écrit une centaine de pages, presque autant sur « Vivre sa vie », en 1991, j’ai publié une étude sur le Septième Sceau d’Ingmar Bergman, il y a aussi tous les longs-métrages sur lesquels j’ai travaillé avec mes élèves. Je vais chaque année au Festival de Cannes, j’ai vu beaucoup de films dans ma vie.
Que retenez-vous de vos années d’enseignement du cinéma ?
Pouvoir compléter, élargir, montrer des films plus exigeants, c’était très intéressant pour moi. Après des études de cinéma, la plupart des élèves retrouvent une voix plus classique, tous ne deviennent pas réalisateurs, de la même façon que tous les élèves qui suivent un enseignement du français ne deviennent pas des romanciers ou des poètes. Ceux qui poursuivent sont sur une voie semée d’embûches, d’une façon générale, je ne les encourageais pas à tout mettre de côté pour suivre cet enseignement-là, mais j’étais toujours très flatté quand des élèves sortaient un petit peu du lot.
Quelle est votre plus grande fierté ?
C’est d’avoir motivé chaque année des élèves qui trouvaient un intérêt supplémentaire aux matières plus classiques. Les liens, d’amitiés parfois, étaient forts. J’ai mis un terme à ma carrière de prof en 2006 avec le même enthousiasme qu’au départ en 1971, ce qui n’est pas le cas de tous les enseignants.
Dans vos fiertés, il y a aussi le premier festival d’animation, que vous avez créé à Wissembourg !
Onze biennales de Rencontres Internationales du Cinéma d’Animation de Wissembourg (RICA de 1997 à 2016). C’était le deuxième festival de ce type le plus important en France. Des milliers de courts-métrages ont été vus à Wissembourg. J’ai décidé de ne plus assumer la lourde tâche de l’organisation des RICA, mais le ciné-club réalise encore 15 000 entrées par an, nos soirées « ciné regard » sont ouvertes à un public très large en Alsace du Nord.