Quel est le sens de votre engagement ?
Le monde ne peut plus continuer comme cela. Les consommateurs et les entreprises ont le pouvoir de faire changer les choses, car une loi qui permet de réduire la quantité de perturbateurs endocriniens ne suffit pas. J’ai songé à la politique, j’ai vite abandonné, alors j’ai créé une entreprise qui reflète mes valeurs et le monde que je vois pour demain. En tant que plongeuse, il est très important pour moi de préserver la biodiversité, car, quand on a vu des dizaines de mètres carrés de coraux morts, ou au contraire la Mer Rouge qui regorge de vie, on ne peut pas imaginer sacrifier tout ça.
Avec la montée en puissance d’applications de scan de produits comme Yuka, les consommateurs font de plus en plus attention à ce qu’ils achètent. C’est le bon moment pour vous lancer dans le domaine des cosmétiques ?
Oui. On ne sait pas toujours ce qu’il y a à l’intérieur des produits, et comment ils sont faits, c’est très opaque. Alors, c’est le moment de faire autrement. Le déclic s’est produit en 2018, je suis partie en Thaïlande pour un stage de plongée. Lorsque je suis arrivée sur le bateau, on m’a donné un shampooing biodégradable et demandé de n’utiliser que celui-là. La création de ma société LAO est venue de deux constats, l’impact sanitaire et l’impact environnemental. Et puis, sur le marché, on constate qu’il y a beaucoup de problèmes au niveau de l’efficacité des shampooings naturels. Pour valider mon idée, j’ai fait un « Start up week-end » qui consistait à monter une start up en 54 heures, avec mon associé nous avons gagné ce concours et nous avons même été en finale mondiale. Là, il fallait faire une vidéo d’une minute pour présenter notre projet, elle a fait plus de 100 000 vues sur LinkedIn et j’ai été contacté par beaucoup de personnes qui voulaient m’acheter ou distribuer le shampooing alors qu’il n’existait pas encore. Je me suis dit que je n’avais plus de choix, qu’il y a une demande pour ce type de produits plus responsables pour l’environnement, meilleurs pour la santé, et avec une efficacité suffisante pour que les gens l’achètent.
Pourquoi avez-vous choisi de baptiser votre entreprise LAO ?
Au départ cela signifie lin, argan, orties, les initiales des trois produits principaux de mes shampooings, mais le lin sera peut-être utilisé uniquement dans la fabrication des flacons, à la place de l’argan nous allons utiliser l’amande. Je n’ai pas encore tout dévoilé. Le lancement de la société aura lieu au mois de juin prochain.
Et puis, vous faites partie d’une équipe de 8 personnes qui a créé une ONG 100% alsacienne, Octop’Us (la pieuvre en anglais), pour sensibiliser à la pollution plastique et préserver les océans, pourquoi ?
Notre ambition est de résoudre le fléau de l’impact négatif des activités humaines sur les écosystèmes marins. Nous avons choisi cette cause, car 50 % de notre oxygène vient de l’environnement marin. L’été dernier, nous avons organisé nos premiers nettoyages de plages, nous travaillons actuellement sur la réimplantation d’un récif corallien en Grèce ou sur un projet de fabrication de boudins de cheveux pour absorber les hydrocarbures. En ce qui concerne le plastique, nous avons acheté des machines qui le broient, elles en font une pâte pour l’impression en 3D et l’idée est de fabriquer de petits objets en plastique recyclé, pour faire fonctionner l’association, mais aussi et surtout d’importer ces machines dans des pays en voie de développement. Nous allons créer des synergies entre les différents acteurs internationaux. Nous avons tous envie de faire quelque chose de beaucoup plus grand que nous. Toutes nos actions seront visibles en direct sur les réseaux sociaux.