Le dernier roman de Miranda July s’impose comme une œuvre coup de poing, à la fois dérangeante, drôle et profondément humaine. Il explore un moment rarement mis en lumière dans la littérature : le milieu de la vie d’une femme, période de la périménopause, quand tout vacille – le corps, les repères, les désirs. Avec un ton à la fois cru, mordant et souvent burlesque, l’autrice bouscule les conventions et pose un regard sans filtre sur cette transition intime. L’héroïne, une mère de famille californienne de 45 ans, décide soudainement de fuir sa routine bien réglée. Elle part seule en voiture vers New York, espérant tout quitter pour se retrouver.
Mais son élan s’interrompt net à la première station-service. Là, dans une ville sans charme et un motel anonyme, commence un étrange repli sur soi, qui se révèle être le point de bascule d’une transformation profonde. Miranda July dépeint cette traversée avec une audace rare. Elle ose parler de ce que l’on tait : les bouleversements hormonaux, les contradictions intimes, les élans de désir, la lassitude, et ce besoin intense de réinvention. Certaines scènes sont absurdes, d’autres poignantes, toujours justes dans leur étrangeté. Loin des récits rassurants, ce roman ne cherche pas à apaiser, mais à troubler. Son style est nerveux, vif, et évite toute facilité. Ce n’est pas un livre de consolation, mais un miroir tendu à celles et ceux que le temps qui passe questionne profondément. On rit, on grince, on s’interroge — et l’émotion finit par surgir là où on ne l’attend pas.
Ce roman est à lire. C’est un texte libre, audacieux, à la fois féroce et tendre. Un choc littéraire qui parle vrai, avec du panache et une humanité vibrante.
