vendredi 17 octobre 2025
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Alsace. Caroline Riegel, sur les traces d’Albert Schweitzer

Son histoire oscille entre la vallée de Munster, l’Himalaya et le Gabon. En plus d’être ingénieure hydraulique, cette aventurière est aussi humanitaire, réalisatrice et autrice. Elle a également participé à l’ouvrage collectif Mon Schweitzer, à l’occasion des 150 ans de la naissance du prix Nobel alsacien. Maxi Flash a rencontré Caroline Riegel, entre deux voyages.

Vous êtes une femme très occupée. Quelle est votre actualité en ce moment ?

Je viens de repasser un été avec les nonnes, les « semeuses de joie ». J’étais donc dans l’Himalaya pour poursuivre cette histoire, longue de plus de 20 ans. Et là je repars dans la seconde patrie d’Albert Schweitzer. Je vais au Gabon, en forêt, sur mon chantier de barrage. Parce qu’après le bac, je me suis retrouvée dans le génie civil, la construction de barrage et la construction hydraulique.

Dites-nous en plus sur ces nonnes, qui semblent avoir changé votre vie.

J’ai fait un voyage initiatique à travers l’Asie et j’ai passé un hiver himalayen, coupée du monde pendant 7 mois. C’était l’un de mes rêves. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que je viens des Vosges (rires). J’y ai vécu avec 11 nonnes bouddhistes dans la vallée du Zanskar. Je leur ai promis de revenir sous 2 ans. Ce que j’ai fait. Et après, je n’ai jamais pu leur dire adieu. Moi je suis éduquée, libre, elles sont religieuses, en bas de l’échelle bouddhiste, elles n’ont reçu quasiment aucune éducation.

Moi j’ai vu le monde, j’ai eu plein de choix de vie, elles non. Alors je leur ai promis de voyager. Je les ai emmenées découvrir leur pays, l’Inde, et cela a donné un film, Semeuses de Joie. Puis, de tout ça est née une association, en 2012 : THIGSPA une goutte d’eau pour le Zanskar. Ce voyage a changé ma vie oui, c’est de là que part tout le reste. Ça m’a notamment permis de me rendre compte que la richesse vient de la diversité. Et je le réalise vraiment aujourd’hui, dans la forêt vierge gabonaise.

Caroline Riegel a notamment réalisé un documentaire sur les nonnes du Zanskar. / ©Caroline Riegel
Vous semblez également très liée au Gabon ?

Déjà, mon deuxième chantier était au Gabon, en 2002. Puis un jour, je me suis retrouvée à nouveau au Gabon, dans la même forêt vierge que 22 ans auparavant. Et dans ce lieu, dans ce pays, je n’ai pas découvert Albert Schweitzer parce que venant de la vallée de Munster, j’ai grandi avec. Mais dans le fond, je le connaissais sans le connaître. C’est vraiment là-bas que je l’ai découvert plus profondément. Je suis allée à Lambaréné, j’ai lu son premier livre. En y revenant en 2023 ou 2024, je me suis également rendu compte du côté écologique et précurseur d’Albert Schweitzer.

Et c’est à ce moment-là que l’on vous a proposé de participer à Mon Schweitzer.

En effet. Je n’ai pas hésité une seule seconde. Étant au Gabon, ça faisait sens pour moi. Dans mon texte, je parle de son récit racontant son trajet en bateau vers Lambaréné. J’avais été marquée par les maladies auxquelles il a fait face. En vivant en forêt vierge, j’ai compris ce qu’il a enduré pour être au service des autres. Ici, j’ai aussi compris son éthique et son amour pour n’importe quelle forme de vie.

« Ce voyage a changé ma vie oui, c’est de là que part tout le reste »

Que partagez-vous avec Albert Schweitzer ?

L’énergie et la soif de découverte. Mais je pense qu’il y a encore une autre soif, avec une dimension spirituelle : une quête de compréhension de notre humanité. Ce docteur a une incapacité à comprendre les injustices.

Personnellement, j’ai été très marquée par le camp de Natzweiler-Struthof. J’ai eu une totale incompréhension, impossible de comprendre comment l’humain peut faire cela. D’où, je pense, ma volonté d’aller chercher une réponse à l’humanité à travers le monde.

Finalement, que faut-il retenir de lui, selon vous ?

Albert Schweitzer m’a marquée assez jeune, par ce côté caricatural de médecin qui veut sauver le monde. Ce n’est qu’après que j’ai compris qu’il y avait bien plus derrière ce personnage.

On retient trop le médecin, mais comprendre à quel point cet homme avait une quête de compréhension de la vie et de notre humanité, comprendre son respect de la vie, c’est moins évident. On ne se rend pas compte de ce qu’a pensé et préservé Albert Schweitzer.
C’est immense, extraordinaire. Il est philosophe, théologien, organiste, médecin, écrivain… C’est le genre de personnage qui nous dépasse dans un monde moderne qui est concentré sur son nombril.

L’info en plus

Le 24 octobre, une conférence consacrée à l’épouse du docteur, Hélène Schweitzer-Bresslau, sera donnée à Guebwiller par la spécialiste et philosophe Blanche Walther.

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