samedi 23 novembre 2024
AccueilLes Alsacien(ne)sInvitésArlande Joerger : Jarres, je vous aime

Arlande Joerger : Jarres, je vous aime

Pour la 3e année, 100 startupeuses (6 en Alsace) intègrent le programme d’accompagnement Femmes Entrepreneuses d’Orange qui apporte ainsi son soutien à ses femmes qui osent l’aventure entrepreneuriale. Elles seront accompagnées par des mentors pour creuser leur business model, suivront des ateliers sur la cybersécurité, la relation client, etc. Parmi ces femmes, Arlande Joerger de Haguenau. À 33 ans, elle vient de créer Eco-Ya. Sa start-up accompagne les artisans potiers, elle cherche des moyens de développer leurs activités, elle conçoit et propose des solutions responsables et innovantes pour accompagner le besoin en eau des communes et des fermes agricoles dans le cadre de l’arrosage des espaces verts et des plantations.

En quelques mots, comment résumer votre parcours ?

Je suis née au Bénin et je suis arrivée en France à l’âge de 5 ans. Je suis revenu au pays de 10 à 13 ans, avant de m’installer définitivement en Alsace. J’ai essentiellement travaillé dans le développement durable. Je vis depuis deux ans juste à côté du village de potiers de Soufflenheim. Cette année étant particulièrement difficile pour eux, je me suis dit que je pourrais aider les artisans Potiers. J’avais envie de servir le patrimoine local. C’est aussi une envie de dire merci à la terre et qui m’a accueilli. 

Et vous avez monté votre start-up en utilisant une technique vieille de 4000 ans. 

Oui, tout à fait. C’est une technologie inventée par les Égyptiens, c’est du moins ce que l’histoire raconte. C’est très simple, c’est de la terre cuite qui reste microporeuse après la cuisson. Elle va laisser l’eau s’égoutter tout doucement. Le principe est d’enterrer la jarre en laissant son col à l’extérieur de la terre, au pied d’un plant de tomates ou une plante. L’eau va se diffuser par microcapillarité et nourrir les racines. 

C’est plus efficace et écologique qu’un arrosage classique ?

Oui, parce que l’on arrose directement à la racine. La réserve d’eau est disponible, ce qui évite le problème d’évaporation. On ne sait jamais comment arroser une plante, on en met toujours trop ou pas assez. Avec notre technique, la plante se gère. Son environnement sera toujours humidifié, la plante ne sera jamais noyée. Après trois à six semaines d’adaptation en fonction de la plante, le temps qu’elle comprenne qu’elle aura toujours le niveau d’eau dont elle a besoin, il faut remplir la jarre tous les deux ou trois jours. Ensuite, quand la jarre sera vide, c’est que la plante aura besoin d’eau. Les plantes se développent beaucoup mieux, elles sont verdoyantes. C’est le jour et la nuit.

Eco-Ya travaille avec les artisans potiers de la région ? 

Oui, nous travaillons avec différents potiers et nous proposons cette solution aux particuliers et aux professionnels de l’horticulture, aux communes, etc. Nous allons associer à ce projet des technologies qui permettront d’envoyer des informations sur un ordinateur ou une tablette. Par exemple, cela permettra d’avertir les agents d’une commune en cas de besoin d’eau dans un certain secteur. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, le planning est fixe, on met de l’eau sans connaître réellement le besoin. 

En France, seulement 10% des start-ups sont fondées par des femmes.

Pouvez-vous chiffrer l’économie ? 

Entre 50 et 70% d’eau économisée, avec une autonomie de la plante. Là où l’on avait besoin d’arroser deux fois par semaine, on arrose une seule fois.

C’est donc très important dans un avenir où l’eau sera un enjeu majeur !

Oui, on entend encore beaucoup trop que l’eau ne coûte rien, que ce n’est pas un enjeu chez nous, ce qui me fait un peu dresser les poils. L’avenir nous le dira. Mais ce que les gens entendent tout de suite c’est le temps. Le temps a un coût. Et, ce qui est intéressant dans ce projet, c’est qu’il optimise le travail. 

« Le temps a un coût. Et ce qui est intéressant dans ce projet, c’est qu’il optimise le travail. »

Vous avez été choisie par Orange pour le programme Femmes Entrepreneuses, qu’est-ce que cela représente pour vous ? 

Le premier effet positif du programme c’est la visibilité. Quand on se lance dans un projet, il est très important d’être identifié. C’est aussi un accompagnement par des gens qui ont de l’expérience dans le management, dans les partenariats. Cela permet de gagner du temps et d’être un peu plus serein. Il faut oser entreprendre, et faire fi de certaines barrières, se faire soi-même. Être choisie par une entreprise comme Orange donne une vraie caution au projet.  

Rendez-vous directement sur son site : ecoyah.systeme.io/produits

 

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