Vous êtes en troisième année de droit, rien à voir avec le maquillage. Cette passion est venue d’où et quand ?
Un jour, au collège, il fallait se maquiller pour carnaval, et je me suis dit que j’allais faire un petit truc basique, vite fait, mais j’ai aimé changer de visage. Je l’ai refait pour Halloween, et après cela s’est enchaîné. En 2018, j’ai eu envie d’essayer d’autres choses. J’ai commencé à regarder des vidéos, à acheter de plus en plus de produits, je me suis endettée : c’est très cher le maquillage. J’ai adoré jouer avec les formes de mon visage, avec les traits, j’ai adoré changer de personnalité. J’aime me transformer. C’est une façon de m’amuser, d’extérioriser, de m’exprimer.
Vous comptez 370 000 abonnés sur TikTok, et plus de 19 000 sur Instagram, c’est un véritable phénomène ! Vos vidéos et vos photos sont vues par des millions de personnes ! Comment procédez-vous ?
Pour les vidéos, je me filme lorsque je me maquille, pendant six heures en moyenne, ça fait mal au dos au bout d’un moment. Puis, il y a le démaquillage, qui est aussi une grande histoire d’amour. Sinon, je suis les tendances. En fait, j’ai appris toute seule, en tâtonnant un peu. Mon visage est un peu un laboratoire. J’essaye beaucoup de produits avant de trouver le bon. C’est beaucoup d’entraînement et de patience. C’est comme tout, cela s’apprend. Je me suis aussi entraînée plusieurs fois sur mon copain que j’avais maquillé en squelette pour Halloween, on était raccord, c’était bien, c’était joli.
Vous êtes un MUA, une make-up artist. Avec de tels chiffres, gagnez-vous de l’argent ?
Ça commence un peu. Et puis j’ai un partenariat avec Fenty Beauty, la marque de cosmétiques de la chanteuse Rihanna. Je suis en train de faire une vidéo. J’aimerais bien réussir à en vivre, car c’est vraiment ce que j’aime, mais c’est compliqué de se frayer un chemin, même avec ces chiffres-là. Il y a beaucoup de filles qui font la même chose que moi, surtout des Américaines et des Anglaises, elles excellent dans le domaine. Mais ce n’est que le début pour moi. Pour le moment je ne peux pas faire plus d’une vidéo par semaine. En ce moment, je fais une série sur l’univers Marvel, j’ai envie d’en faire une autre sur Harry Potter, car j’aime beaucoup cet univers. En fait, je décide de faire un maquillage en fonction de mes humeurs, selon mes envies. J’ai fait une série avec mes abonnés ; en gros, j’envoie une photo, par exemple de mon œil, ils me proposent un maquillage et je le reproduis, ça a bien marché, ils ont adoré ça.
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Quels sont vos records ?
2,1 millions de vues pour une vidéo, et entre 300 et 400 000 pour les likes. J’adore partager mes contenus, montrer ce que je fais. J’essaye de répondre à un maximum de messages, je poste des stories… Les réseaux sociaux m’occupent cinq heures par jour. Je viens de faire une vidéo avec mon copain, elle a fait un million de vues, les abonnés ont trouvé ça drôle. Dans ce monde des réseaux, je me sens un peu comme dans le monde des Bisounours, pour moi tout est beau, tout est rose, autour de ce que je fais c’est plutôt bienveillant, alors que pour certains comptes le jugement est plutôt gratuit.
Êtes-vous devenue une artiste ?
Dans le domaine du maquillage, oui. À défaut d’une toile, je peins sur moi. Et cela m’arrache le cœur quand il faut l’enlever. Six heures de maquillage pour tout détruire en 30 minutes, parfois ça fait mal. Heureusement qu’il reste les photos. J’aimerais beaucoup travailler dans le monde du cinéma ou des séries, cela serait incroyable. J’essaye d’être ambitieuse, de me démarquer et de me faire confiance, c’est un peu le truc le plus compliqué, même si j’ai envie de devenir une « star » dans mon domaine, comme les Youtubeurs.
@meaudreyy Tristesse🥲 #spidermannowayhome #spiderman #makeup ♬ son original – Audrey
J’imagine que vos abonnés vous reconnaissent dans la rue ?
Oui, ça arrive. Et cela me fait rougir, je ne m’y attends jamais, car quand je sors de mon téléphone, je me dis que je suis une fille comme les autres. En fait, je suis une fille comme les autres.
Une fille qui fait partie d’une génération de jeunes gens qui aiment vraiment la région ?
J’adore le terroir, la cuisine et les traditions alsaciennes. J’aime les coutumes de notre région, les fêtes. Je parle alsacien, et j’essaye de le pratiquer au maximum, car notre dialecte est en train de disparaître. J’essaye de partager notre langue au maximum, c’est ce que j’aime… Et je soutiens le Racing.