Pour certains, leur compte Instagram ou Facebook est leur carte vitale. On sait tout, sur tout, leurs petits soucis de santé, leur séjour à l’hosto par le menu, les détails les plus intimes aussi. Comme s’il était important que la planète entière ne rate rien de ses problèmes de rate au court-bouillon, de poux et de poumon, de pif et de paf. Et c’est bien le truc qui rend folle ma voisine. Est-ce que j’ai prévenu moi lorsque j’ai fait ma dernière coloscopie ?
J’aurais pu tenir tout le monde informé des produits que j’ai été obligée d’avaler dans la nuit pour accélérer le processus de préparation avant l’intervention, elle m’a dit. Puis elle a ajouté qu’elle ne comprenait pas pourquoi les gens avaient besoin de raconter leur vie à ce point, les détails les plus intimes sont si facilement balancés sur les réseaux qu’un jour viendra où quelqu’un écrira « je reviens, je vais aux toilettes ». On voit vraiment de tout sur les réseaux, les résultats de Roland-Garros, des gens qui prennent des bains dans des glaçons, des animaux dinguos ou des infos insolites comme celle d’un sabre personnel de Napoléon vendu près de 4,7 millions d’euros l’autre jour. Si les réseaux sociaux avaient existé à son époque, on aurait peut-être su que l’empereur était très sensible de l’estomac, il en est mort d’ailleurs, ou qu’il avait un petit problème d’érection, ce qui expliquait pourquoi il n’emmenait pas de maîtresse sur l’île d’Elbe. Comme je me moquais un peu, ma voisine m’a dit que j’étais culotté, mais qu’elle partirait bien sur une île sabrer le champagne avec moi, sauf si j’ai trop de points communs avec Napoléon. J’ai dit que non, que je ne suis pas du genre à me plaindre dès que je fais un pet de travers.