La bâtisse, située au 39 rue des Potiers à Betschdorf, a été fondée en 1843 par la famille Wingerter, une des pionnières de la poterie dans le village. Après la mort de Victor en 1965, son épouse Emilie a soutenu jusqu’en 1975 leur fille et son mari, Martine et Loys Ruhlmann, qui ont, dès lors, perpétué cet artisanat.
Tous deux disparus en 2021, c’est leur fille Vanessa, autodidacte, qui continue d’exercer dans la plus pure tradition familiale l’art du grès de sel : « Tout comme ma mère, j’ai toujours eu à cœur de ne pas voir les lieux disparaître, mais nous n’avions pas les moyens pour restaurer l’unité potière, explique Vanessa Ruhlmann, propriétaire. Je souhaite faire vivre ce lieu comme l’aurait voulu ma mère ». Cette propriété, qui contient un logis, un atelier, une boutique, une salle des machines, une grange, et un four à bois, est unique dans la région : « Il y a beaucoup de travaux à réaliser. Il faut consolider le four à bois qui menace de s’effondrer, restaurer le toit, le pignon sud, les murs et les plafonds de la maison-atelier, ainsi qu’une partie de la grange ». Sans une ou plusieurs aides extérieures, Vanessa ne pourrait pas se permettre d’entreprendre un tel chantier.
Un rêve accessible
Sans l’attribution du classement au titre des Monuments historiques et de la mission Bern, Vanessa ne pourrait pas se permettre d’entreprendre un tel chantier, étant bénéficiaire de l’allocation adulte handicapée. Depuis le classement, Vanessa reprend espoir : « Il vous octroie une aide financière considérable de la Directrice régionale des affaires culturelles (DRAC), de la Collectivité européenne d’Alsace et de la Région Grand Est ». Cependant, une partie des frais de ces travaux sont à la charge du propriétaire : « Lors de nos échanges, la DRAC m’a conseillé de me tourner vers la Mission Bern dans le cadre du loto du patrimoine, porté par la Fondation du patrimoine. J’ai candidaté et j’ai eu la chance que l’unité potière soit retenue comme « site emblématique du Grand Est 2023 ». Ainsi, je peux bénéficier d’une aide financière inespérée de 250 000 € pour le restant du chantier ».
Avec ce soutien supplémentaire, la restauration sera prise en charge à 100 %. Pour Vanessa, c’est l’impensable qui se produit : « Depuis le début de l’année, c’est un véritable ascenseur émotionnel. Je suis reconnaissante envers les personnes qui me viennent en aide pour garantir la pérennité des lieux ». Si l’estimation du coût des travaux est encore en cours, la sécurisation et la mise hors eau ont débuté, et la propriétaire confirme que le chantier de restauration et de consolidation pourra bien commencer au printemps 2024.