De sa formation d’éducateur au poste de directeur d’unité en passant par assistant social, Gerdy Dreyer a passé trente ans au Sonnenhof. À l’époque, le féru d’histoire et de géographie se lance dans un mémoire, il collecte les objets avant qu’ils ne soient jetés, et déniche « une malle, recouverte de neige et de fientes, contenant un manuscrit en gothique avec le projet pédagogique daté de 1874 ».
Aujourd’hui exposés dans la première salle, Gerdy a tout de même dû batailler pour fonder le musée dont il rêvait en 2016, soutenu par la directrice, Caroline Bindou. C’est lui qui a proposé le local, « un hébergement qui n’était plus conforme, et même un bâtiment historique que j’ai fait classer ».
Témoins du 20e siècle
Lorsque les huit salles ouvrent, dont une de projection, l’ambition est de remonter le temps. L’édit de fondation, les conditions d’admission, les listes de donateurs—par exemple Julie Gsell, d’Millionne Tante–, les directeurs successifs et puis tous ces regards en noir et blanc placardés aux murs, au-dessus d’objets de la vie quotidienne… Des chaises roulantes pour deux enfants, « dos-à-dos s’ils se chamaillaient, dans le sens de la marche pour voir le paysage, ou dos à la route pour que la bonne sœur les surveille » selon l’interprétation malicieuse de Gerdy ; de la vaisselle, des outils adaptés, un bonnet d’âne, des reliques de la Deuxième Guerre mondiale… Témoins du 20e siècle au Sonnenhof, mais aussi de toute l’Alsace, et de la dédication de Gerdy pour le Sonnenhof.
« Bischwiller a toujours été terre d’accueil, explique le fondateur. Du temps de la Réforme, la Ville a accueilli des Suisses pour assécher la terre avec la culture du chanvre. Puis les Huguenots persécutés sont venus ouvrir les filatures, complémentaires des cultures. Mais qui dit industrie, dit problèmes sociaux, alcool, etc. » Les enfants handicapés étaient cachés, par honte. « Mais les pasteurs savaient qu’on pouvait les scolariser, et la première maisonnette a vu le jour à Oberhoffen en 1876 ». Les Trois tilleuls existent toujours, les locaux bischwillerois datent de 1885, et le nom Sonnenhof est donné en 1911. « Il résume la prise en charge globale de la personne, le corps et le spirituel, exposés au soleil sur les nombreuses terrasses », montre Gerdy Dreyer sur une photo. Aujourd’hui 1100 personnes sont accueillies au Sonnenhof et encadrées par plus de 800 employés.
Visite gratuite sur demande au 0633124055, et portes ouvertes lors des événements.