Entre deux devoirs de seconde donnés par la « très exigeante école Saint-Jean de Passy »,
Marco raconte calmement et avec un grand naturel : « À l’âge de 6 ans, mon père a acheté un jeu d’échecs parce que plus jeune, ça lui avait plu, et j’ai commencé avec mon frère Matteo. Petit à petit, j’ai compris que je jouais bien ». Marco s’inscrit alors au club parisien Nomad’Echecs et « commence par champion de France en 2017 et 2018 ». En 2019, il devient le plus jeune Français à obtenir une norme de Maître international, un titre qu’il doit patienter pour décrocher—covid oblige—en 2022. Tout de même précoce, à 15 ans, il affronte des adultes, « pour se mesurer », et devient champion de France de blitz toutes catégories. 2024 est décidément son année : en août, il revient de Prague auréolé du titre de champion d’Europe des moins de 16 ans.
Licencié à Bischwiller depuis 2021, Marco estime que « c’est un grand club avec beaucoup de grands maîtres et de joueurs du Top 16, qu’ils ont souvent gagné ». Il laisse cependant le côté organisationnel et financier à son père, Maurizio, qui échange avec Roland Reeb. Le président du Cercle d’échecs décrit la venue de Marco comme « un double objectif : jouer dans le Top Jeunes pour le club, et recevoir une aide financière, pour ses parents, pour participer à des tournois de haut niveau en France et à l’étranger, dans le but d’acquérir les trois normes de Grand Maître ».
Un jeu et un travail
Si Marco a renoncé à participer au Championnat du monde au Brésil, « parce que c’est hors vacances scolaires », il a l’ambition de devenir Grand maître « dans deux-trois ans ». Alors il pratique son « sport mental » encouragé par sa famille—son frère de 9 ans, Mario, cartonne aussi—quitte à laisser les jeux vidéo et les réseaux de son âge de côté. « C’est un jeu complexe et très psychologique, j’aime la diversité des positions et des possibilités. Ça m’amuse forcément pour être arrivé à ce point, et en même temps, c’est du travail parce que je le fais professionnellement. »
À raison de « sept heures par semaine, et pendant les vacances, à temps plein » en visio ou en cours privés, il ne bénéficie pas d’aménagement particulier au lycée. Marco est déterminé : « Pour l’instant, priorité aux études, mais à chaque vacance, je fais des tournois, et j’espère progresser pour avoir les deux solutions ». Ce sera ou joueur professionnel ou ingénieur.