À force de vouloir réaliser la synthèse parfaite entre de nombreux genres souvent opposés, les SUV prennent le risque de perdre cette forte identité qui a fait leur succès retentissant. Avec le nouvel X4, BMW n’a pas peur de cet écueil et pousse l’art de la mosaïque dans ses derniers retranchements.
BMW a été l’un des grands pionniers de l’ère des SUV. Pas étonnant, alors, que le constructeur allemand cherche aujourd’hui à écrire une nouvelle page en faisant évoluer un genre qui cherche un nouveau souffle alors que les sorties ne cessent de se multiplier. Pour reprendre un temps d’avance, l’Hélice innove et s’essaie à de nouvelles formes, baptisées, par exemple, « SAC », pour Sport Activity Coupé. Derrière ce hiéroglyphe marketing se cache une véritable proposition qui pioche dans des univers bien différents : véhicule familial, coupé sportif, berline dynamique, grande routière… le X4 nouveau est un pot-pourri plein de promesses. Mais, à force de se disperser, le SUV allemand ne souffre-t-il pas de troubles de l’identité ?
Le renouveau du coupé
BMW ne se pose pas ce genre de question. Le X6 est la meilleure preuve de la capacité d’anticipation du constructeur bavarois. Prendre un X5, lui enlever de l’habitabilité et de la visibilité pour le transformer en coupé avait tout du coup de folie. Ce fut pourtant un coup de génie tant les ventes ont été au rendez-vous de l’audace. Le X2 et le X4 ont suivi. Ce dernier, sorti en 2014, a même dépassé les 200 000 ventes mondiales. Un succès incontestable sur lequel entend bien capitaliser BMW.
L’Hélice profite donc de la sortie d’un nouvel X3 pour mettre à jour son X4 sur la plateforme duquel il est construit. Contrairement à ce qui se fait généralement chez les constructeurs allemands lors d’un restylage, l’évolution esthétique est ici de grande ampleur. Certes, la face avant ressemble à celle du dernier X3, mais BMW a décidé d’innover avec un pavillon de toit plus élancé et une poupe inédite. On en profite ainsi pour découvrir la nouvelle signature lumineuse des coupés de la marque, que l’on retrouvera sur la Série 8, par exemple. Les feux sont plus fins, la plaque migre du hayon vers le bouclier et l’ensemble se fait plus maîtrisé que sur la précédente génération. Ainsi dessiné, le X4 confirme son positionnement : permettre à ceux qui, tant financièrement qu’esthétiquement, n’assumaient pas forcément de rouler en X6 de pouvoir prendre place dans un SAC.
Que l’on aime ou pas ce genre hybride, on ne peut que saluer le travail réalisé par les designers. Les bonnes impressions se confirment une fois à bord. L’arrivée d’un vaste écran central, qui vient se coupler avec le système iDrive pour ceux qui sont allergiques au tactile, et de l’instrumentation numérique donne le ton et les finitions, toujours aussi irréprochables chez BMW, achèvent un travail d’orfèvre. Le gabarit est en nette hausse avec, respectivement, 8 cm de plus en longueur (4,75 m) et 4 cm en largeur (1,92 m). L’habitabilité s’en trouve améliorée, même si, coupé oblige, l’espace arrière n’est pas des plus généreux pour les grands gabarits.
Autre sacrifiée sur l’autel du style, la visibilité arrière, qui est toujours aussi limitée. Il n’en demeure pas moins que le X4 est un véhicule hautement confortable. BMW place une nouvelle fois l’agrément de conduite à un niveau très élevé.
La route lui donne raison
La direction à assistance variable, qui offre une vivacité accrue, est une vraie merveille. Le X4 se joue des courbes avec aisance et prouve, en maîtrisant parfaitement le roulis malgré son poids de 1 720 kg, que le genre trouve sa justification sur la route. La voie arrière, plus large de 3 cm, offre, en outre, une stabilité accrue. La motricité est impossible à prendre en défaut : ce nouvel X4, tout comme le X3, n’est proposé qu’avec la transmission intégrale. Sous le capot, on retrouve la même gamme de moteurs : deux blocs essence de 184 ch (X4 xDrive20i) et 252 ch (X4 xDrive30i), ainsi que quatre diesels de 190 ch (X4 xDrive20d), 231 ch (X4 xDrive25d), 265 ch (X4 xDrive30d) et 326 ch (X4 M40d). Des bonnes dispositions que le X4 fait payer un peu cher. La version de base s’affiche à 50 700 € et il faudra puiser dans la longue liste d’options pour bénéficier des dernières technologies de conduite semi-autonome et d’infodivertissement. Comptez plus de 77 000 € pour la version M, qui affole les chronos avec ses 326 ch. Le prix à payer pour conduire un véhicule qui assume ses différences…