Maxi Flash : D’où vient l’idée d’installer une scène lyrique sur un vestige industriel du XVIIe siècle ?
Céline Mellon : Quand je suis rentrée de mes pérégrinations de chanteuse lyrique, je suis retournée à mes sources alsaciennes et je me suis rendu compte que les Forges de Jaegerthal, dans la vallée du Schwarzbach, sont un endroit entouré de nature très peu connu. C’est un village entier où il reste la maison du maître, la turbine, l’école, le petit couvent, une rareté inouïe ! Nous avons investi le hangar couvert, comme un théâtre naturel : c’est assez hors du commun. On a été les seuls fous à oser, il a fallu apporter l’électricité, l’eau, créer le parking, tout inventer pour accueillir le public.
Dans un tel lieu, la programmation devient tout public ?
Oui, petits et grands. Il y a un public strasbourgeois qui a envie de se mettre au vert et un public local qui se constitue et nous soutient. C’était la grosse part du défi pour moi, faire une offre lyrique dans la région. Sortir du théâtre permet aux gens de s’autoriser à faire le pas d’écouter cette musique. Comme on est sur des formats réduits, on ne reste pas trois heures sur sa chaise à ne pas comprendre ce qui se passe sur scène. C’est entre la fête champêtre et le concert lyrique.
Que pourra-t-on applaudir ?
Le 8 juillet, ce sera un voyage à travers les Amériques, ça tend vers le music-hall, c’est facile et agréable à écouter. Le 10, le trio jazz de Marcel Loeffler s’intercalera avec la Philarmonie de poche pour présenter des extraits de West side story et de Porgy and Bess. Le 15, je fais venir mes copains anciens académiciens de la Scala, sur un format très enlevé avec des extraits d’opéra, des choses très connues et accessibles. Enfin, le 17, nous présenterons Le barbier de Séville en version réduite avec une petite mise en scène.
Comment passe-t-on de la Scala de Milan à La voix des Forges ?
J’ai eu la chance d’avoir des rôles de soliste très vite à l’Opéra de Lausanne lors de mes études à la Haute école de musique. Ensuite j’ai pas mal vadrouillé, une carrière classique de soliste, et j’ai été débauchée par le directeur artistique de la Scala où j’ai passé deux ans. C’est un peu le Graal quand on est chanteur lyrique et en même temps, ce n’était pas ma vocation, car le public est déjà acquis, c’est un entre soi. Dans mon esprit de démocratisation, l’opéra doit rester un art pour tous, c’était le cinéma du peuple. Je suis donc revenue en Alsace, et j’ai ce côté entrepreneuse en moi, c’est comme ça qu’est né le projet des Forges. Là, j’ai des moutons, je suis cueilleuse, je me suis réinventé une vie de chanteuse locale et rurale à Dambach.
Réservations sur www.lavoixdesforges.com, de 15 à 20€, gratuit pour les moins de 18 ans.