Je scrolle comme une malade en ce moment, m’a dit ma voisine, l’autre jour devant nos boîtes à lettres, je me fais piéger à chaque fois c’est dingue, je tombe sur des vidéos, parfaitement débiles, et je reste comme une débile à regarder mon téléphone comme si je n’avais rien d’autre à faire : un chat qui protège un enfant qui tombe, une fille qui danse, un type qui fait un kebab, un gardien de but qui fait une boulette, un ouvrier qui fabrique une terrasse à base de palettes, la pose de pavés, une bimbo qui se maquille, une jeune femme qui tape des coups droits au tennis, des hyènes qui attaquent une lionne, une lionne qui attaque une girafe, le découpage d’une viande, un chien qui fait chuter sa maîtresse, un type qui saute partout genre Yamakasi, des gens qui font des œufs au plat…
Dès que l’on reste trois secondes sur une vidéo, on en a quinze derrière, sur le même sujet, c’est ça les réseaux sociaux, ça lobotomise les cerveaux de plus en plus. Avec la liste que tu viens de faire, je suis comme les algorithmes, j’en sais un peu plus sur toi, j’ai dit à ma voisine. Elle m’a répondu que pas du tout, qu’elle avait bien d’autres facettes, et qu’elle n’était pas une poupée à qui l’on fait dire n’importe quoi, qu’elle n’était pas comme l’un des champions du moment, le patron du BHV à Paris qui a déclaré que : « Le e-commerce a tous les maux du monde, on vient d’en avoir la preuve la plus abjecte qui soit avec ses poupées qui sont juste indécentes, mais il a aussi des forces, et moi ce que je veux en fait c’est de réunir le meilleur des deux mondes ».
Le meilleur de l’abject ? C’est quoi au juste ? J’ai l’impression que ce mec-là est vraiment bien dans son époque, a conclu ma voisine. En rentrant dans mon appartement, j’ai scrollé moi aussi comme un malade et je suis tombé sur des vidéos de voisines qui scrollaient.
