lundi 8 décembre 2025

Coeur à prendre

Comme chaque année avec ma voisine, on s’est offert un cadeau, moi le fabuleux shampoing solide au lait de brebis de fabrication alsacienne et elle le livre de Frédéric Lenoir (notre invité de la rédaction) sur Les Cinq piliers de la sagesse. Puis, on est allé boire un vin chaud au marché de Noël, elle adore ça, les odeurs de cannelle et les fêtes ma voisine, mais, même avec un chapeau de père Noël sur la tête, elle reste lucide. Je pensais à l’organisation de mon atelier bredele en forme de cœur, lorsqu’elle m’a demandé si tout cela, toutes ces lumières, cette féérie, n’étaient pas un trompe-l’œil, si cette joie n’était pas un peu préfabriquée dans un monde dirigé par les cyniques, les violents, les intolérants, les démagos, les diffuseurs de fake, dans un monde où la démocratie ne semble plus satisfaire ceux qui se sont mis en tête de la démanteler, mais qui vont se gaver de dinde aux marrons et de haine bien planquée, ceux qui boivent du petit lait devant la misère du monde, ceux qui confisquent la parole. Bonne question. Noël n’est-il pas le dernier signe, le dernier symbole du monde d’avant ?
Un monde où le collectif protège l’individu, où l’individu est au service du collectif, où le langage est sacré, m’a demandé ma voisine ?

On a commandé un deuxième verre de vin chaud et on a échangé sur la sagesse et la parole torturée. Les plus habiles retournent les mots comme des crêpes pour avoir raison, ils font du Trump et consort (et cons qu’on sort aussi), c’est le genre de types très forts pour passer pour de bonnes pâtes et dire des trucs qui signifient exactement le contraire de ce qu’ils disent. Je vous aime se traduit par vous n’êtes que des pions. Je travaille pour vous par je travaille pour mon pouvoir. Y’a des formations pour ça ou c’est un héritage qui se transmet comme une villa à Saint-Cloud ? Le mensonge est un millionnaire qui se prélasse au soleil, un poison qui tue nos valeurs démocratiques et notre capacité pourtant si belle à nous écouter, nous comprendre et à vivre tous ensemble. Si on perd ça, on perd notre identité et par ricochet notre liberté. C’est peut-être déjà le cas j’ai dit à ma voisine qui, dans un élan d’optimisme, m’a répondu qu’il fallait résister, qu’elle y croyait encore comme on croit que Noël réchauffe les cœurs. Quelle sagesse !

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