mercredi 4 juin 2025
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Cyrielle Knoepfel – Tous les boutons sont au vert

On reconnaît sa voix éraillée dans ses chroniques sur RBS ou dans Bien, et vous ? sur France 3, mais depuis 2023 et son spectacle Trop tard ?!, Cyrielle Knoepfel se fait un nom. Si Knoepfel signifie petit bouton en alsacien comme lui ont appris ses oncles à la Meinau et à Dossenheim-sur-Zinsel où elle a grandi, elle n’a pas hésité à appuyer dessus pour faire ce qu’elle aime, même sur le tard. C’est un des messages qu’elle aime faire passer sur scène, au milieu de punchlines sur le quotidien. Fan de Florence Foresti et inspirée par Blanche Gardin, piquante et décomplexée, l’humoriste née en 1985 à Strasbourg et qui habite Schiltigheim a conquis la France : elle sera de passage au Festival d’Avignon en juillet.

Enfant, aviez-vous cette fibre artistique, saviez-vous que vous seriez humoriste ?

Non, j’ai beaucoup changé, j’avais toujours une idée artistique, mais je n’en parlais pas trop parce que ça semblait impossible. J’ai eu un parcours classique jusqu’au BTS, puis j’ai travaillé tout de suite dans l’hôtellerie, la restauration et comme assistante commerciale ou polyvalente. Je pense avoir eu cette fibre, les gens autour de moi s’en rendaient compte, car j’étais très extravertie—même si beaucoup de gens introvertis sont très bons comédiens. J’aimais bien faire rire, je faisais des blagues, des mini spectacles avec ma sœur, surtout pour ma mère… Mais c’est au collège et au lycée que mes amis me disaient que je devrais faire des sketches.

Alors vous vous mettez à écrire pour la scène ?

Non c’est en faisant de l’impro, mais bien plus tard, vers 30 ans. J’ai contacté la troupe des Improvisateurs, je suis allée faire des essais et dès le premier atelier j’ai été happée, et ça a duré sept ans. Ça a désacralisé la scène, j’ai vu un terrain de jeu, c’était trop cool de jouer devant un public et de faire rire des gens, mais j’avais toujours en tête d’écrire mes premiers sketches et ça, c’est venu plus tard encore. En fait quand je commence les premières scènes, je fais ça en plus de mon travail, je prends et donne des cours, je commence la radio RBS tous les lundis de 2018 à 2021, je me forme sur le tas, et en 2020 ça commence à faire beaucoup, alors je me dis qu’il faut choisir. Je fais une école de théâtre à Paris de 2021 à 2023, et en 2022, une reconversion professionnelle tardive pour être intermittente du spectacle.

« Il y a de plus en plus d’humoristes femmes qui abordent tous les sujets »

L’impro, l’école de théâtre, les chroniques radio, ce sont des tremplins vers le one-woman-show ?

C’est surtout très complémentaire, dans le milieu artistique tout se retrouve un peu. Moi je n’aurais jamais fait de stand up si je n’avais pas fait d’impro, parce qu’à plusieurs cela m’a permis de mieux appréhender la scène. Puis faire une école de théâtre classique m’a permis de mieux me sentir sur scène, poser la respiration ou apprendre les termes techniques, comment se positionner sur scène. Au niveau de la radio et de la télé, c’est complémentaire dans l’écriture, j’écris tous mes textes toute seule. Chaque exercice nourrit l’autre.

Au final, comment vous définiriez-vous ?

À quel niveau ? (rires) J’ai du mal à le dire, peut-être comédienne-humoriste-stand-uppeuse-chroniqueuse, avec toujours un peu ce syndrome de l’imposteur parce que je n’ai pas commencé toute jeune, donc est-ce que je le suis vraiment ? Et je ne définis pas mon humour, les autres disent que c’est un humour engagé, une pointe de féminisme, moi je dirais plutôt mainstream, mais à ma sauce. Dans un premier spectacle on parle souvent de soi, parce que c’est celui de présentation au public et moi je parle de faire tout plus tard que les autres, d’où le nom Trop tard ?! Ça parle de ne pas vouloir être dans une case, du couple, du célibat, vouloir des enfants ou non, la reconversion professionnelle… Des sujets pas trop pointus, que tout le monde aborde, et effectivement, des sujets un peu plus féministes.

Cyrielle sur scène balance des punchlines inspirées du quotidien. / ©tagbyteona
Vous êtes une femme, humoriste, avez-vous plus de choses à prouver ?

Moi je ne le considère pas, mais la société oui, clairement ! (rires) En plus, je suis arrivée dans ce milieu un peu naïvement, mais je m’en suis vite rendu compte, et même à notre petite échelle en Alsace, il y a énormément d’ego masculin et de sexisme, et le stand up n’est pas épargné. Moi ça va, parce que je me blinde, j’ai un super système de soutien en dehors de ça. Mais c’est vrai que parfois c’est compliqué. Quand un humoriste homme fait des blagues avec des gros mots ou de la sexualité on crie au génie, mais si une femme fait les mêmes blagues, elle est vulgaire. Il faut s’en affranchir, et maintenant il y a de plus en plus d’humoristes femmes qui abordent tous les sujets. C’est comme tout, à force d’entendre, de voir, d’apprendre, les gens s’y font.

Sur votre Insta, on trouve non seulement des vidéos humoristiques, mais aussi des photos qui mettent en avant votre physique. Quel message voulez-vous faire passer ?

L’âge, le corps, un peu tout ! (rires) Comme tout le monde, adolescente j’avais des complexes, mais maintenant que j’y repense, je n’avais pas plus de raisons qu’une autre d’en avoir. Quand j’en parle avec mes amies du même âge, nous avons grandi dans les années 90 avec des standards de beauté impossibles à atteindre, et encore plus aujourd’hui sur les réseaux sociaux—et ça j’en parle dans le spectacle—on voit des gens filtrés, des photos retouchées, on ne voit plus de vrais corps ni de visages, et mes amies sont complexées pour tout. Ça me fait de la peine parce qu’on perd énormément de temps à ne pas aimer notre corps ni s’accepter comme on est ! J’ai du mal avec tout ça et souvent quand je me mets sur Instagram, il n’y a pas de filtre. Quand je fais des photos professionnelles, il y a un jeu de lumière, mais je demande de ne pas me retoucher, parce que c’est comme ça, tout le monde vieillit, le corps fluctue, bonne ou mauvaise mine, c’est pour tout le monde pareil et je trouve ça hyper important de décomplexer.

Et votre compte Insta cyrielle.kpfl, c’est pour simplifier le nom au national ?

En Alsace, ce n’est pas trop un problème… Le public a besoin de choses simples, parfois il prend nos Insta en sortant de scène et il faut qu’ils me retrouvent le lendemain. Déjà mon prénom n’est pas simple à écrire, KPFL ça reste compliqué… Il faudrait que je trouve autre chose, mais j’avoue, j’ai du mal à abandonner mon nom de famille !

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