vendredi 18 octobre 2024

Dans le miroir

Salut les Maxi-läser, je viens d’avoir un coup d’fil du rédacteur en chef de votre journal préféré, le Maxi Flash. Le téléphone sonne dring, dring, je décroche :
-Allo, allo ! Ya, wass isch loss !
-Allo André Muller ! Comment tu gazouilles ce matin dans ton monde ?
-Comment ! Ki me téléphone ? Je ne reconnais pas la voix ! Si c’est pour me vendre une nouvelle mutuelle ou un médicament contre la prostate, je raccroche de suite !
-Non Annnnddddrréééé, c’est moi Éric Genetet, ton boss ! Ne raccroche pas !
-Oh, j’suis pas sourd, ou pas encore Éric !!! Salut patron, quel plaisir de t’entendre. (Tu parles d’un plaisir, il veut encore me faire bosser, toujours plus ! pfff !!! )
Y a un problème avec ma chronique, Éric, j’suis viré ? Y’a des fautes d’orthographe, de
compréhension ?
-Mais, non ! Tu es parano mon cher André. Non, tu n’es pas encore viré pour l’instant ! J’ai un truc à te proposer pour ton billet, ta promenade colorisée. Alors voilà André, je te suggère de parler de toi, et bla bla bla…
-Tu penses que ça va intéresser nos Maxi-Läsers ?
-Évidemment, tu le sais bien, les Läsers me parlent souvent de ta chronique même ma voisine me disait l’autre jour en faisant ses courses « au Mammouth », André était un A’ Gueter à la Télévision, aujourd’hui il est un Bésser, il trempe sa plume dans l’encre de ses larmes, et un peu trop dans son nombril. M’enfin ma voisine apprécie tes chroniques, ton personnage fantasque. Je compte sur toi, André, livre-moi pour une fois ton papier dans les délais.
-Ok, Éric, tu l’auras, ton papier de 1000 mots et 2 fotos !
Alors, où en étais-je ! Ah oui, je voulais vous conter un vieux souvenir de l’école primaire à l’Exen de Schiltigheim. Je m’ennuyais, tellement, je ne tenais pas en place, je regardais sans cesse par la fenêtre, j’observais les marronniers à chaque saison, je rêvassais, mon instit me rappelait à l’ordre en disant : « Andr, si tu continues tes rêvasseries, tu seras dirigeur de vent sur Mars ». Je n’ai jamais oublié cette phrase imagée qui m’a donné des ailes, et tant d’énergie.

Bon, je me lance !

Dans ma vie d’avant, quand j’étais dans la vie active, « non, ce n’était pas mieux avant », je camérais, une lourde caméra sur l’épaule, je regardais la vie à travers un œilleton. Toutes sortes de vies, une vie sportive, une vie de journaliste grand reporter ! Ah, mince ! Le téléphone sonne encore, une longue sonnerie Dringgggg ! Je n’ai pas la paix, ce satané iPhone. On est tout le temps dérangé par ce foutu cordon ombilical, qui ne nous quitte plus. M’enfin, Nunde bückel !!!
Wàààs isch loss !
-Allo, AALLLOOO oui, j’écoute,
allo !
-André c’est encore moi Éric G.
-Was will er denn schon wieder der Sààjbock ?
-J’te stresse pas, envoie-moi ta chronique vendredi matin au plus tard… Pas plus de 800 mots et dis-moi, tu as vraiment un problème avec tes virgules.
-Oh, mon cher ami, s’il n’y avait que les virgules !
Le boss, peut être très attachant, mais parfois très attachiant. Bon, allez Muller, sois sympa, tu le connais depuis si longtemps le beau Éric. Je peux enfin continuer ma chronique.
Comment faire pour vous raconter mes zig-zags ? C’est un peu prétentieux. Tiens, j’ai une idée, je vais appeler un ami, Jean Claude Frery. Qui est -il ? C’est un prof de fac, un littéraire, excellent golfeur, tennisman, nageur, grande culture générale.
-Allo J.C., comment vas-tu ?
-Très bien my friend, je rentre d’un voyage d’Alicante, c’était merveilleux, j’te raconterai, on s’fait un petit déjeuner au Café Henri ?
-Avec plaisir. Ecoute, le journal Maxi Flash me demande un papier de 800 mots sur les méandres du vieil André Muller. Tu me connais bien, tu peux rédiger une bafouille sans me cirer les pompes ?
-Je t’envoie un texte sur ton iPhone toi l’iphonologue.
-Je savais que je pouvais compter sur toi, oui, avec plaisir pour le petit-déj chenapan !
Mon ami Jean-Claude Frery écrit ceci :
Notre première rencontre date de presque un demi-siècle. Tout a commencé sur un malentendu, une chamaillerie. André garait sa grosse moto cernée de grosses sacoches à franges dans l’enceinte d’un club de tennis dont j’étais le secrétaire et lui, le membre-joueur. C’était une histoire d’enjeu, de pouvoir et d’amour propre. Je voulais asseoir mon autorité, lui affirmer son aura audiovisuelle. Deux gamins en somme, dont l’un prétendait protéger sa caméra et moi, la douceur de vivre d’un petit havre de paix en pleine ville. Le bonhomme a fait les beaux jours de notre télévision nationale et régionale. Téléphage, je ne pouvais l’éviter, car il passait quotidiennement devant et derrière la caméra. Strasbourg, n’étant qu’un petit village, je le trouvais très fréquemment au tennis, à la piscine. Plus sérieusement, j’eus l’occasion de discuter d’une émission où André était le cameraman accompagnant le pape Jean-Paul II de manière permanente lors de son séjour en Alsace. Il me parlait de cet évènement avec une lenteur empreinte d’émotion, presque comme si la grâce l’avait touché ! J’avais l’impression que ce garçon était un A’Gueter ! Une amitié se créait autour de nombreuses valeurs partagées. Mon ami André est passionné par son travail, amoureux de la nature, émerveillé par la vie. Un vagabond globe-trotteur qui promène sa besace pour distribuer des bonbons de réconfort. Son côté artiste et ses tenues caméléons le rendent sympathique et attachant. Un Alsacien vraiment charmant que les gens interpellent dans la rue comme s’il faisait partie de leur famille.

« André, si tu continues tes rêvasseries, tu seras dirigeur de vent sur Mars »

Vous le savez bien, chers Maxi-Läsers nous avons peu d’amis. J’aime cette citation, que j’ai écrite dans mon carnet à spirales qui est au fond de ma besace : « L’amitié, c’est une bienveillance réciproque qui rend deux êtres, soigneux l’un du bonheur de l’autre »,
Platon.

Je vais encore me faire enguirlander par le Red’chef. Ma chronique est trop longue, presque 1000 mots… Je l’entends déjà. Tiens, le tél sonne, dringggg !
Devinez qui c’est !
-Allo, André tu transmets quand ta chronique, on boucle sous peu !!!
M’ENFIN TUDJIEUUUU !!!
J’vous laisse ça urjjje ! Bisss bald liewie läsers.

Le Maxi Trotteur André Muller

La Note de Robin Léon

« On remarque l’humour et l’autodérision d’André Muller dans cet article, comme quand je le voyais à la télé quand j’étais petit dans A’Gueter. On sent qu’il a adoré faire son métier toute sa vie, il transporte sa bonne humeur. »

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