Et si, depuis la nuit des temps, les Alsaciens étaient tous fans de raisin ? La chose mérite d’être examinée avec logique et rigueur.
LES PASSIONNÉS DE VIN ? FANS !
Même si, pour être honnête, avant la conquête romaine, un peu moins de soixante ans avant J.-C., notre culture viticole était, au mieux, aussi éparse que brouillonne. Raison pour laquelle Bacchus lui-même serait venu superviser les premières opérations sérieuses ? Honnêtement, vu le résultat, la chose ne m’étonnerait qu’à moitié. Car le vin d’Alsace — gewurztraminer, muscat, pinot blanc, gris ou noir, riesling, sylvaner… — a, depuis, séduit le monde entier. Quant à notre crémant, il challenge gaillardement le champagne ! Cela dit, tout le monde n’aime pas l’alcool. Alors…
LES HEALTHY ADDICTS ? FANS !
Délicieux au goût, le jus 100 % pur fruit rétame tous les sodas à bulles pleins de cochonneries chimiques. Riche en vitamines (C, B1, B2, B3, B5, B6, K, A), en minéraux (potassium, magnésium…), en antioxydants (polyphénols et flavonoïdes), il renforce le système immunitaire, permet de prévenir les maladies cardiovasculaires, donne une jolie peau… Et il produit, en primes, d’heureux effets sur la digestion. Toutefois, les diététiciens préfèrent conseiller la dégustation d’un fruit à son seul jus. Alors…
LES AMATEURS DE PULPE ET DE FIBRES ? FANS !
Les grappes charnues, fraîchement cueillies, sont tout simplement irrésistibles. Comme les stocker dans une boîte en plastique serait une vraie ânerie, on les étalera, recouvertes d’un linge humide, sur un plateau en osier, afin de laisser circuler un peu d’air. Quelques grains agrémenteront une chouette « salade vigneronne », en accompagnement de la laitue ou de la batavia, des lardons fumés et des oignons finement émincés. Après quoi, sur le plateau de fromages, ils se marieront divinement avec le munster et la tomme d’Alsace. Au dessert, une salade monofruit sera l’option la plus simple – sauf lorsque, pour épater la galerie, vous vous amusez à éplucher et épépiner les grains. Si rien que cette perspective vous colle des tremblements nerveux, pourquoi ne pas opter pour une tarte ? Passés au four, les grains libéreront leur jus et leur douceur ; ajoutés crus après la cuisson de la pâte, ils resteront croquants. Comment ? En novembre, on ne trouve plus trop de grappes de raisin sur les étals ? Pas faux. Alors…

CEUX QUI VEULENT EN PROFITER TOUTE L’ANNÉE ? FANS !
Bonne nouvelle : les raisins secs ont à peu de chose près le même intérêt diététique que les cranberries et les baies de goji. D’ailleurs, depuis la nuit des temps, aucun pâtissier alsacien ne saurait s’en passer, qu’ils soient humectés ou non de kirsch. Que serait un kougelhopf, un schneckele, un pain de Noël sans eux ? Une misère gustative, tout simplement, et je pèse mes mots. Mieux encore ! Ils se glisseront allégrement partout, y compris dans des plats salés : salades de carottes ou terrines de viande, mais aussi choucroutes, couscous, tajines, currys indiens… Cependant, certains malheureux ne peuvent pas, pour des raisons physiologiques en ingurgiter sans risquer l’oedème de Quincke… Alors ?
LES ALLERGIQUES ? FANS !
Le plaisir des yeux pourra toujours remplacer celui de l’estomac. Car sur nos traditionnels coffres et armoires polychromes, à côté des fleurs, des coeurs et des oiseaux, le raisin se fait symbole de fertilité et de prospérité. La poterie locale n’est pas en reste. On trouvera des grappes bleues sur des cruches, des pichets ou des gobelets gris à Betschdorf. À Soufflenheim, le motif décorera des terrines – certains moules en adopteront même la forme. Alors, CQFD : tous fans de raisin !
POUR LES PETITS MALINS QUI VEULENT BRILLER EN SOCIÉTÉ
Challengez vos amis avec ces questions :
- Qu’est-ce que le raisin de bruyère ou de raisin des bois ? Les myrtilles !
- Quelles sont les vertus de l’huile de pépins de raisins ? Excellente en cuisine et en usage externe pour la peau et les cheveux !
- Dans quelles vignes peut-on croiser des fantômes ? Celles d’Altkirch ou du Hohenbourg sont hantées par des dames blanches !
Toutes les chroniques de Sylvie De Mathuisieulx : Sylvie m’était contée



