lundi 30 décembre 2024
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Émilie et Sarah Barbault – Elles réalisent leurs rêves

Alors que l’épisode 10 de César Wagner, le plus célèbre des hypocondriaques dans la police strasbourgeoise, sera diffusé le vendredi 3 janvier sur France 2, ses réalisatrices Émilie et Sarah Barbault se confient sur leur parcours. Depuis leur domicile à Joigny, en Bourgogne, où elles ne sont présentes qu’en dehors des périodes de tournage en Alsace ou ailleurs, elles parlent du passé et du futur, qu’elles envisagent très sereinement malgré les incertitudes du métier, avec un grand sourire.

À quoi ressemblait votre enfance entre un père producteur de cinéma, Armand Barbault, et une mère écrivain et journaliste, Tootsie Guéra ?

Emilie : Nous sommes nées à Paris dans les années 70, mais avons déménagé énormément, en banlieue parisienne, dans le sud de la France, en Belgique, chaque été nous passions deux mois en Suisse, et je suis partie aux États-Unis à 16 ans… Mais nous avons eu une enfance divine, avec un papa régisseur, puis directeur de production puis producteur. Il nous emmenait sur les plateaux pendant les vacances, sur les films de Chéreau, Truffaut, Miller, Godard, Diane Kurys… Jean Eustache venait à la maison déprimé et papa et maman lui remontaient le moral !

Vous avez toutes les deux une sacrée anecdote lorsque vous étiez bébé…

Sarah : Emilie a joué Alphonse, le bébé d’Antoine Doinel dans Domicile Conjugal, et moi je suis née dans la clinique en face du bureau de prépa du film de Godard Tout va bien. Papa passait de Godard à la clinique en disant, tout va bien ? (rires). Nos parents nous aimaient comme des fous et nous ont portées. Maman avait un côté artistique hyper développé, et papa nous emmenait voir tous les films dans les petits cinémas, Capra, Lubitsch, Hitchcock, Spielberg, on passait de films d’auteur en noir et blanc à de gros blockbusters, nous avons baigné dedans.

Avez-vous un premier souvenir de cinéma ?
E : Ceux qui nous avaient énormément marquées, ce sont les films qui parlent d’enfants comme nous, E.T. par exemple, car on adoptait des chiens et des chats errants… L’argent de poche et L’Enfant sauvage, on adorait, et notre chien jouait dedans. Et puis j’ai vu La boum quarante fois, et Karaté Kid, je notais les dialogues !
S : On aimait beaucoup les films qui parlaient de notre génération, comme Kicking and screaming. Mais encore plus le fait d’être sur les plateaux, on voulait vivre ce qu’on y voyait, cette vie familiale, parce que c’est une famille.
Sur le tournage de César Wagner (Gilles Alma) dans les vignes alsaciennes / ©Guillaume Girardot

Pourtant vous avez fait des études, vos parents vous dissuadaient-ils de faire du cinéma ?

E : Le deal avec papa était passe ton bac et fais des études pour ne pas devenir un saltimbanque comme moi. Il avait peur que si ça ne marche pas, on ne puisse pas se retourner, donc j’ai fait du droit et après deux ans, j’ai arrêté pour commencer à bosser.
S : Moi je voulais plutôt être photographe ou dessinatrice, j’ai fait une école d’art à Bruxelles et travaillé tout de suite dans la presse. Emilie écrivait des films et on s’est dit, il faut écrire ensemble. Et là on a travaillé comme techniciennes dans le cinéma d’abord, moi à la déco, la régie, puis assistante réal, et Emilie, assistante script puis script. Tous les week-ends, on faisait nos courts-métrages avec une caméra Sony offerte par papa, on demandait aux comédiens et aux copains s’ils voulaient bien tourner pour nous.

Quelle est votre première réalisation officielle ?

E : La segmentation des sentiments, en 2012. Les moyens étaient meilleurs, le rendu était bon, c’était avec un appareil photo Canon. Et artistiquement, on avait trouvé notre style, ça représentait comment on envisageait de filmer les choses.

Emilie bébé, sur les genoux d’Antoine Doinel dans Domicile Conjugal. / ©Dr
Quel est ce style alors ?

E : Il est contemplatif, assez poétique, sur l’humain. En 2015, on fait Pleurer des larmes d’enfance, un court plus difficile sur la pédophilie, l’histoire de notre maman, dont on est le plus fières peut-être, parce qu’on a parlé de quelque chose d’important. Et de tabou, mais sans fermer la porte, et avec des comédiens extraordinaires et investis. Puis on a fait des clips, avec Julie Gayet et Philippe Rebbot. Cela a été le déclencheur pour d’autres clips, des pubs, et alors on a pu se consacrer à la réalisation. Parfois on ne gagnait pas d’argent, c’était dur, mais il fallait passer ce pas pour devenir réalisatrices. Il fallait du temps pour répondre aux appels d’offres, faire des notes d’intention, des dossiers… C’est formateur, mais il faut être rapide, efficace et poser les choses.

Vous signez E&S Barbault, et cela peut prêter à confusion avec un prénom composé, Emilie-Sarah, une seule personne… Est-ce envisageable de faire un film en solo ?

Ensemble : Non, c’est inenvisageable, aucun intérêt, nous sommes en osmose et complémentaires ! Mais on peut être une seule et même personne !
(rires)

Comment vous décririez-vous chacune ?

S : Volontaire !
E : J’allais le dire (rires). Nos caractères sont différents, mais nous sommes exigeantes, bienveillantes aussi avec les équipes, on nous dit solaires, joyeuses, enthousiastes.

Est-ce la série Un si grand soleil qui vous a vraiment lancées, en 2019 ?

E : On a tourné avec Blankass sur toute l’année 2018, des pastilles web avec des gens connus, c’était la promo pour leur album. En novembre, on apprend qu’Un si grand soleil se tourne à Montpellier alors que j’habite Toulouse à l’époque. On obtient un rendez-vous avec le producteur à Paris, pour être en immersion sur le tournage. En fait, ce sont trois plateaux, trois réalisateurs, trois équipes différentes, ça va très vite. Et le producteur nous booke pour mai/juin 2019.
S : C’était magnifique, on était comme des poissons dans l’eau, aucun doute dans notre tête que c’était vraiment ça, le rapport avec les comédiens, on est resté très amies avec plein d’entre eux. Mais le confinement arrive et comme on a un demi-pied dans la fiction, on contacte des prods, mais chaque étape est compliquée. Est-ce qu’on est capable de faire du prime, de raconter une histoire ? Il faut trouver la personne qui nous donne notre chance, et avec Big Band, on a trouvé Bellefond. En juin 2021, on tourne notre premier prime de 90 min, comme un film, en vingt jours, en gardant notre style à nous, caméra à l’épaule et très organique, en lumière naturaliste même si c’est un polar. Et après, on a rencontré Incognita pour César Wagner.

C’est César Wagner qui vous a amenées en Alsace pour la première fois ?

S : Oui, et c’était magique, le rêve, une ville et une campagne magnifiques !
Le premier en 2023 était sur la communauté juive hassidique, on tourne à Strasbourg et à Colmar. On est logées place Kléber, et les week-ends, nos familles viennent et adorent !
Le musée d’Art moderne, c’est notre endroit préféré, la cathédrale aussi avec l’horloge, c’est merveilleux.

Vous avez tourné d’avril à juin 2024 deux autres épisodes, dont Les raisins de la Koelher qui est diffusé le 3 janvier. De quoi parle cet épisode ?

E : La commissaire s’appelle Koehler, et il y a un meurtre au château du Haut-Koenigsbourg–il a été privatisé pour nous, on s’est senties hyper privilégiées, des décors de dingue ! La commissaire a un cousin vigneron, c’est Bruno Solo, qui est potentiellement suspect. Les techniciens sont alsaciens, et ils se connaissent depuis le premier épisode. Nous on rentre là-dedans avec notre chef-op, notre script et notre cadreur de Paris, on arrive dans cette famille. Et après on les emmène à Marseille sur Bellefond ! Pareil avec les comédiens, c’est trop beau de mélanger les équipes, c’est magique.

Quels sont vos projets pour 2025 ?

S : Nous rentrons de deux mois et demi à Marseille, pour Bellefond 5 et 6, avec Stéphane Bern, Bruno Solo, Antoine Duléry et Léonie Simaga, pour des diffusions prévues en avril et octobre.
E : On rencontre des producteurs, mais c’est toujours un peu à l’aveugle. On a signé avec France 3 un polar régional dans… Les Vosges ! On va donc reprendre notre équipe alsacienne. Et notre temps libre, on le consacre à écrire des films, pour la prochaine étape : le cinéma.

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