samedi 26 juillet 2025
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Entretien avec Sébastien Tinetti Directeur de Cloudéo – Groupe OCI « Cloud et souveraineté : dépasser les idées reçues »

MaxiFlash : Bonjour Sébastien. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le cloud et pourquoi est-il devenu incontournable pour les entreprises ?

Sébastien TINETTI : Le cloud, c’est avant tout un nouveau modèle de consommation de l’informatique. Plutôt que d’acheter, installer et maintenir ses propres serveurs, on accède à distance à des ressources informatiques – comme de la puissance de calcul, du stockage ou des services applicatifs – via Internet, et à la demande. Le cloud apporte une grande souplesse aux entreprises modernes. Grâce à sa capacité à évoluer rapidement et à un accès facilité à des technologies innovantes, il est une réponse directe aux besoins d’agilité et de performance des entreprises. C’est maintenant un pilier des systèmes d’information. Rares sont les organisations qui n’utilisent pas de services cloud.

C’est lié à une formule que l’on entend souvent, la souveraineté numérique ?

Oui. Et ce n’est pas une posture politique ou idéologique. La souveraineté numérique est une question de maîtrise, de capacité à continuer à fonctionner, à protéger ses informations, même en cas de crise géopolitique ou de conflit juridique entre États.

Pourquoi ce sujet revient-il aussi fortement aujourd’hui ?

Parce que le cloud concentre désormais des données critiques, des applications essentielles, des flux métiers stratégiques. Dans un contexte international tendu, il devient crucial de savoir qui maîtrise ces données, où elles sont stockées, et sous quelle juridiction elles se trouvent.

Sébastien Tinetti, directeur des opérations chez Cloudéo. / ©Documents remis

 

« Démêler le vrai du faux sur le cloud »

Dans une publication récente, vous évoquiez des idées reçues que vous jugiez dangereuses autour du cloud et de la souveraineté. La première concerne la sécurité : certains affirment que le cloud rend les systèmes d’information plus vulnérables. Est-ce le cas ?

C’est une affirmation simpliste. Le cloud, mal utilisé, peut effectivement comporter des risques. Mais bien conçu, il offre des niveaux de sécurité bien supérieurs à ceux que beaucoup d’entreprises peuvent mettre en place seules.

Donc la clé, c’est l’accompagnement ?

Absolument. Le cloud, ce n’est pas juste louer de la capacité serveur. C’est une approche globale : architecture, supervision, sécurité, gouvernance. Pour vous donner une image, je dirais que rouler dans une voiture de sport, c’est risqué si vous ne savez pas la piloter, mais si vous êtes accompagné par un professionnel – disons, un Sébastien Loeb du cloud – c’est tout de suite plus sûr, plus efficace, et plus rassurant.

Autre idée reçue : les hyperscalers américains seraient aujourd’hui incontournables. Que répondez-vous à cela ?

Je dirais qu’ils ne sont pas incontournables, même s’ils sont dominants. Leur avance technologique est indéniable, mais elle est aussi le fruit d’une stratégie politique et économique volontariste. Pendant que les États-Unis soutenaient massivement leur filière tech, l’Europe est restée plus spectatrice. Résultat : nous avons formé une génération entière – moi y compris – sur des technologies américaines, sans suffisamment envisager d’alternatives.

Mais des alternatives existent ?

Oui, et il est temps de les soutenir, pas uniquement par patriotisme économique, mais pour préserver notre autonomie stratégique.

Et que penser des offres « Cloud souverain » lancées par Microsoft ou Amazon en Europe ? Sont-elles une vraie solution ?

Ces offres sont souvent bien présentées, mais le problème n’est pas technique, il est juridique. Les entreprises américaines, même à travers leurs filiales européennes, restent soumises à des lois extraterritoriales comme le Cloud Act ou le FISA 702, des lois qui permettent à l’administration américaine d’exiger l’accès à certaines données, sans nécessairement en informer le client. Donc non, même si les serveurs sont en Europe et même si l’interface est en français, ce n’est pas souverain. Il faut appeler les choses par leur nom et éviter ce que certains appellent le sovereign-washing.

Mais certains de ces projets ont obtenu la certification SecNumCloud de l’ANSSI. Ce n’est pas suffisamment rassurant ?

SecNumCloud est une très bonne initiative et un référentiel exigeant en matière de sécurité, il permet d’élever le niveau global des offres cloud françaises, mais il faut comprendre que cette certification évalue la conformité technique et organisationnelle, pas totalement la souveraineté juridique. Une entreprise peut être certifiée SecNumCloud et rester exposée à des lois étrangères si elle est détenue par une maison mère hors d’Europe. C’est une distinction importante, qu’il faut bien expliquer aux clients. Dans ce cadre, Cloudéo Groupe OCI déposera prochainement un dossier de candidature, car nous sommes convaincus que cette qualification nous permettra de mettre notre savoir-faire au service des institutions publiques françaises.

« Construire un Cloud responsable, en France et en Europe »

Que doivent faire les entreprises aujourd’hui pour ne pas se tromper ?

Elles doivent poser les bonnes questions : où sont réellement stockées mes données ? Qui peut y accéder, et sous quelle juridiction ? Mon fournisseur est-il en mesure de maintenir ses services en cas de crise ? Et surtout, elles doivent savoir qu’il existe des alternatives locales : des acteurs français ou européens qui offrent des solutions robustes, compétitives et réellement maîtrisées. Ce n’est pas une démarche de repli, mais de lucidité. Et parfois, c’est du simple bon sens économique : un prestataire local, proche, réactif, peut offrir une meilleure qualité de service qu’un géant mondial, même très réputé.

À quel « numérique » croyez-vous ?

Le débat sur le cloud et la souveraineté ne doit pas se résumer à une opposition caricaturale entre innovants et réfractaires. Il faut dépasser les slogans, regarder les faits, et rester exigeants sur les offres proposées. Chez Cloudéo – Groupe OCI, c’est exactement ce que nous défendons : un cloud performant, transparent et maîtrisé, aligné avec les enjeux concrets des entreprises françaises. Je crois à un numérique ouvert, mais pas naïf. Un numérique agile, mais pas dépendant. Un numérique souverain, mais pas fermé. C’est cette voie d’équilibre que nous allons construire ensemble.

OCI
2 rue Ampère – Mundolsheim
Tél. : 03 88 18 30 80

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