André Styza est précisément un homme du Nord qui vit dans un village de Flandre nommé Boeschèpe. Il est passionné par l’Alsace où il passe régulièrement ses vacances avec son épouse Bernadette et il m’a fait la surprise de m’envoyer quelques spécialités des Flandres, telles que des gaufres flamandes (nommées wafel’s, strijntjes), ainsi que des guimauves du Nord. Il a joint à son envoi la carte postale visible sur cette page, représentant la tournée des rois mages dans sa région, plus précisément dans son village de Boeschèpe.
J’ai aimé cette photo et l’atmosphère qu’elle recèle. Elle m’a rappelé des tournées de rois mages que j’ai déjà vécues en Allemagne et en Autriche. Des enfants déguisés circulent dans les rues, entrent dans les restaurants et chantent. Dans ces tournées, l’un des enfants se peint le visage pour figurer Balthazar qui est décrit avec un visage noir : il est descendant de Cham, fils de Noé et représente l’Arabie.
De tels cortèges avaient aussi lieu dans les villages catholiques d’Alsace mais ils ont quasiment disparu, hormis à l’Écomusée d’Ungersheim qui en organise un le premier dimanche de janvier. Charles Spindler, le peintre, marqueteur et écrivain alsacien, note dans son journal qu’au début du 20e siècle, dans sa région d’Obernai, des cortèges d’enfants avaient encore lieu à l’Épiphanie, précisant que « ces rois, en fait des mendiants, allaient de maison en maison pour quêter des œufs, du lard, des Schnitz (des quartiers de poires séchées) et qu’à chaque halte, ils chantaient des strophes qui dans leur naïveté rappellent quelque mystère du Moyen-Âge ».
L’Épiphanie est une fête chrétienne. Le mot signifie « apparition » en grec. Ce jour célèbre, depuis le début du IIe siècle, le Messie qui reçoit la visite et l’hommage des rois mages. Ils sont au nombre de trois : Balthazar, Gaspard et Melchior. Ils sont des personnages riches venus de Bethléem pour adorer Jésus après sa naissance. Ils sont de bons astronomes, observent les étoiles et en repèrent une différente des autres. Ils l’interprètent comme un présage important : la naissance du roi des juifs. Ils suivent donc le déplacement de cette étoile particulière et sont menés à l’étable où Jésus vient de naître.
Ils apportent des cadeaux très symboliques. Balthazar offre de l’or -réservé aux rois-, symbole de la royauté de Jésus. Gaspard est représenté comme un vieil homme aux cheveux blancs. Il offre la myrrhe, utilisée pour embaumer les morts. Melchior est décrit comme jeune. Il offre de l’encens, employé pour honorer Dieu.
L’Épiphanie est un jour férié en Bavière, en Bade-Wurtemberg et en Saxe-Anhalt, des régions à majorité catholique. Dans la région de Cologne, la tradition des rois mages est également très ancrée, car les reliques des rois mages sont conservées depuis le XIIe siècle dans la cathédrale de Cologne qui fut construite pour les conserver.
L’Épiphanie se fête en France en «tirant» les rois, traditionnellement le premier dimanche de janvier, et les jours qui suivent. Elle n’est pas fériée, contrairement à l’Espagne où la fête est plus importante que celle de Noël. C’est un jour très attendu où l’on distribue les cadeaux aux enfants. La phrase qui y est la plus dite ce jour-là est celle-ci : ¡Han venido los reyes! (Les Rois mages sont passés !) En Alsace on dit : Mìt’m Drëikenisdàà wàchst de Dàà ùm e Hàhneschrìtt. « Au jour des rois, les jours grandissent d’un pas de coq ». La phrase insuffle de l’espoir, car elle signale que l’on ressent déjà les prémices du printemps. Je vous souhaite de devenir reine et roi d’un jour, et de vivre un heureux temps de l’Épiphanie.