Une réunion s’est tenue le 16 juin au ministère des Sports. Quel était son but ?
Michel Aucourt : Nous avons présenté un dossier de plus de quarante pages, réunissant tous les éléments factuels pour justifier le retour à une Ligue d’Alsace. Il y avait par exemple une comparaison de notre budget avec celui de la Ligue de Bourgogne Franche-Comté ou celui du Centre-Val de Loire. Même s’ils ont un nombre de licenciés proche du nôtre, ils ont plus de dix millions et nous n’en avons que quatre. Cette différence, parmi tant d’autres, a interpellé tout le monde. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a pris la parole en premier pour évoquer les éléments qui avaient fondé sa décision. Pour elle, il y a la pertinence du dossier qui entre en ligne de compte. Avec l’accord du président de la FFF, Philippe Diallo, elle a proposé un processus démocratique qui se fera en plusieurs phases ; tout commencera le 28 octobre 2023, lors d’une assemblée générale du District d’Alsace de football, réunissant des présidents de clubs. Une question leur sera posée : souhaitez-vous la renaissance d’une Ligue d’Alsace ? Début novembre, quelques jours après cette assemblée, il y aura un nouveau vote au sein de la Ligue du Grand Est. Tous les clubs lorrains, champardennais et alsaciens seront amenés à se prononcer, pour donner leur accord ou leur désaccord.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Avant ces votes, à partir du 21 août, nous allons entreprendre une tournée de tous les districts champardennais et lorrains, de façon à expliquer, écouter et répondre aux diverses objections. Nous souhaitons ouvrir un dialogue, pour expliciter les conséquences pour les uns et pour les autres. Si les deux votes vont dans le même sens, la FFF prendra acte en juin 2024 de l’accord de principe des principaux acteurs, que sont les Lorrains, les Champardennais et les Alsaciens. Ainsi, un groupe de travail constitué de salariés de la FFF prendra vie. Ils se donneront un an, jusqu’en juin 2025, pour construire et organiser cette nouvelle Ligue d’Alsace, mais aussi la Ligue Lorraine Champagne-Ardenne. Au 1er juillet 2025, la Ligue d’Alsace pourrait retrouver son indépendance. Mais nous resterons dans la région Grand Est. Dans cette entité, il y aura deux ligues, reliées par un comité de liaison, notamment pour les flux financiers.
Frédéric Bierry a affiché son soutien. Est-ce que d’autres personnalités alsaciennes vous accompagnent ?
Bien sûr. Le 16 juin, j’étais accompagné d’une véritable délégation alsacienne. Il y avait Brigitte Klinkert, Frédéric Bierry et son secrétaire général, Monsieur Bastian, mais aussi Bruno Fuchs, un soutien inconditionnel, le député Charles Sitzenstuhl et plein d’autres parlementaires alsaciens. Il y a une véritable communion des hommes et des femmes politiques locaux autour du sport alsacien.
Au contraire, est-ce que des oppositions sont nées ?
Oui, et ce, dès que le processus démocratique a été engagé par la ministre et le président de la FFF. Elles viennent essentiellement d’Alsaciens élus à la Ligue du Grand Est, comme Albert Gemmrich, son président. Mais il y a un double langage. Ce dernier, aux côtés d’autres dirigeants de district, avait voté « pour » par le passé. Récemment, lors du dernier comité, Albert Gemmrich m’a annoncé qu’il mettait en place, de sa propre initiative, un groupe de travail constitué de membres salariés de la FFF et de la LFA ayant pour but de venir mesurer la pertinence et les conséquences de la mise en place d’une Ligue d’Alsace. C’est un comble. C’est une guerre de tranchées et j’ai du mal à comprendre ce travail de sape. D’autres oppositions subsistent. Ils le font tous par intérêts personnels, et non par idéalisme pour le Grand Est. Mais la parole sera enfin donnée à l’ensemble des clubs en octobre. La dernière fois, à Rosheim, ils avaient déjà voté massivement « pour le retour de la Ligue d’Alsace » à 93 %. L’Alsace devra obtenir plus de 66 % de votes « pour ».