En dehors du premium, il n’est désormais point de salut pour les berlines familiales. Aucune des congénères de la Ford Focus, qui nous revient 20 ans après dans une génération dorée, n’échappe à cette fatalité. Les SUV ont raflé durablement la mise et la situation est encore plus délicate pour les « petits » breaks : les familles à la recherche d’un véhicule pratique, spacieux et sûr tombent sous le charme de modèles comme le Nissan Qashqai, le Renault Kadjar ou le Skoda Kodiaq. Peu leur importe qu’un break compact bien loti réponde tout aussi efficacement à leurs besoins.
Dans certains domaines, les déclinaisons allongées surpassent même leurs homologues haut perchés : l’agrément de conduite penche en faveur des breaks, tout comme les consommations, si importantes par les temps qui courent, et l’espace à vivre est similaire des deux côtés. Conscient de ces qualités intrinsèques, Ford persévère avec une version break de la dernière Focus. Un pari aussi audacieux que séduisant…
Regain d’appétit
Les précédentes générations de la Ford Focus ont clairement souffert d’un déficit d’image. Par manque d’audace, sans doute bridés par les ambitions mondiales du modèle, les designers n’ont pas su toucher le cœur du public comme ils avaient pu le faire il y a vingt ans. Les efforts consentis aujourd’hui vont dans le bon sens. Le dernier modèle semble sûr de son fait et jouit d’une identité forte, même si son train avant peut sembler un peu trop similaire à celui de la Mazda 3. Hormis une calandre aujourd’hui très commune, la Focus bénéficie d’un important charisme, grâce à ses phares étroits, divisés horizontalement, et à ses lignes acérées au-dessus de son aileron avant. La finition haut de gamme Vignale, aux aspirations premium, achève une mue salutaire. Preuve de son appétit retrouvé, la Focus SW culmine désormais à 4,67 m de longueur. C’est 29 cm de plus que la berline et 11 cm de plus que l’ancien modèle ! Ce choix se fait certes au détriment du style : impossible, avec un allongement de 29 cm uniquement au niveau des porte-à-faux, de jouer les reines de beauté. La transformation est cependant maîtrisée.
Tout pour plaire
Dans son combat contre les SUV, la Focus SW doit certes miser sur la séduction, mais, à l’heure de faire le choix final, l’habitabilité est un critère qui prévaut. Surtout quand la proposition esthétique est convaincante. Dans ce domaine crucial, la SW est imbattable : l’espace à vivre est vaste, le coffre est tout aussi généreux avec ses 541 l de capacité de chargement, la modularité est exemplaire et l’assise irréprochable, avec un bon maintien latéral des sièges. La Focus fait également le plein d’équipements. La plupart sont encore rares pour la catégorie, à l’image de l’affichage tête haute, une première pour une Ford en Europe. On note aussi la présence d’un régulateur de vitesse adaptatif combiné à la technologie Stop&Go (le véhicule s’arrête et démarre seul en suivant la voiture qui le précède), du système de reconnaissance des panneaux de signalisation ou encore de la technologie de maintien au centre de la voie. La conduite semi-autonome n’est pas loin. Les phares adaptatifs et prédictifs full LED sont également au menu. Ajoutez à cela le Ford Pass Connect, un modem 4G qui permet d’accéder à certaines fonctions de la voiture depuis son smartphone, ou encore de disposer d’un hotspot Wi-Fi jusqu’à 15 m autour du véhicule, et vous obtenez un break résolument moderne. Sans oublier, bien sûr, les options de confort, comme la sellerie cuir surpiquée, les sièges électriques et chauffants ou le toit vitré.
Volontaire et sûre
Notre version d’essai embarquait le « petit » diesel 1,5 l EcoBlue de 120 ch. Un modèle de sobriété. Sur un parcours varié, nous avons constaté une consommation inférieure à 5 l/100 km. Son homologation à 94 g de CO2/km par les redoutables normes NEDC qui entreront en vigueur le 1er janvier prochain témoigne de sa bonne volonté. Son couple de 300 Nm lui permet d’offrir un agrément de conduite sans reproche : ce n’est pas un foudre de guerre, mais il ne rechigne pas à la tâche et assure des reprises franches et des accélérations volontaires.
La Focus SW n’est de toute façon pas une bête de course. Son châssis est des plus sages et la direction assistée invite à une conduite coulée, en bon père de famille. Sa tenue de route sans faille et son excellent niveau d’insonorisation en font une excellente routière. Lors de son lancement en septembre, la Focus SW proposera également deux blocs essence 3-cylindres – le 1 l Ecoboost (en 85, 100 et 125 ch), l’inédit 1,5 l Ecoboost (en 150 et 182 ch) – et un autre diesel – le nouveau 2 l (150 ch). Les tarifs démarrent à 22 950 €, avec un milieu de gamme à environ 27 000 € et un haut de gamme Vignale flirtant avec les 30 000 €. La nouvelle Ford Focus SW, forte de toutes ses qualités, se paie même le luxe d’être un peu moins chère que la concurrence.