vendredi 17 octobre 2025
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Haegen. Simone Morgenthaler, le regard de l’enfance

Avec son nouveau livre La brique au fond du lit, Simone Morgenthaler rend hommage à son village d’enfance, Haegen, mais aussi à un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Alors pour le transmettre, la journaliste a gardé sa rigueur professionnelle et ajouté son talent de conteuse, afin que chacun reconnaisse un souvenir dans les siens.

Maxi Flash : D’où vient ce désir de raconter votre enfance ?

Simone Morgenthler : Il arrive avec la maturité, d’un coup, mon village et mon enfance m’obligeaient à laisser un témoignage comme une quintessence des choses les plus fortes, les plus émouvantes, pour qu’on se souvienne d’un monde rural qui n’existe presque plus aujourd’hui. Je n’imaginais pas toutes les émotions que j’allais vivre en faisant un travail de mémoire.

L’écriture, c’est une beauté mais c’est aussi quelque chose de douloureux : on est devant l’écran blanc, et quand on fait revivre des moments, il faut tout vérifier. J’ai parlé de gens qui ne sont plus en vie et je voulais que tout corresponde à la réalité et que les petits moments somptueux ou tout simples de la ruralité soient le plus justes. En fait, on écrit toujours les textes qu’on aimerait lire, et donner une émotion, peut-être même un frisson, c’est pour moi une joie.

Comment avez-vous procédé, vous notiez des souvenirs au fil des journées ?

C’était étonnant parce qu’à mon âge, la mémoire… Je ne pensais pas révéler dans mon inconscient au réveil, tôt le matin, des détails comme des rêves. C’était une aventure à la fois très profonde et qui m’a emmenée aussi dans de grandes hauteurs, vers des choses très lumineuses. Et parfois quand on est porté par la grâce de l’inspiration, on arrive à avoir un regard comme dans l’enfance. Plus j’avance en âge, plus au fond je me sens jeune—même si l’écorce extérieure montre que je suis une femme de 70 ans passés !

Parlez-nous de Haegen, près de Saverne, dans votre enfance…

J’ai tellement aimé l’enfance que j’ai pu vivre, même douloureuse parfois, de modestie, d’humilité, mais avec toute la beauté de la nature et de ce village en bordure de forêt. Maman était paysanne et mon père artiste sculpteur sur bois, il fallait aussi une petite agriculture, planter des pommes de terre, une basse-cour pour vivre en autarcie…

Avec ma sœur, on ne s’inquiétait pas, on ne connaissait pas les différences de classes, les accents, les pauvretés, au village on était une nichée de chiots qui se tenaient chaud, contents d’être ensemble. Je m’en suis rendu compte ensuite, en habitant à la ville, en faisant des études, en voyageant. Comme je l’écris, je me suis éloignée du village mais le village ne m’a jamais quittée, il s’est installé en moi sans prendre de place pour finalement éclore comme un bouquet !

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