“Je n’arrive pas à prendre rendez-vous”, explique d’une voix tremblotante une dame arrivée à l’accueil du centre de vaccination de Haguenau. Chaleureusement accueillie, elle est redirigée vers quelqu’un qui pourra la conseiller en présentiel. Tania travaille habituellement à l’Office des sports et des loisirs de Haguenau et a répondu favorablement pour donner un coup de main au centre de vaccination. “J’ai commencé hier. Je suis là pour accueillir, renseigner et puis montrer qu’il y a une présence quand on arrive, c’est rassurant. Le fait de venir dans ce lieu, de se faire vacciner, ça rend certaines personnes un peu anxieuses, mais elles ressortent contentes”, sourit-elle derrière son masque.
Le long couloir de l’ancien Institut de formation en soins infirmiers a été repensé pour la campagne de vaccination. Les bureaux vacants ont été réinvestis et aménagés pour chaque étape : passage obligatoire par le secrétariat pour s’enregistrer, par la salle d’attente pré-vaccination et par la salle d’observation post-vaccination pour garder sous surveillance les patients pendant une quinzaine de minutes avant leur sortie. “La vaccination prend cinq à sept minutes et le temps d’attente entre chaque étape est de moins de dix minutes”, indique Mathieu Rocher, directeur du Centre Hospitalier de Haguenau.
A l’heure actuelle, le vaccin est réservé aux personnes prioritaires : les personnels soignants, les personnes de plus de 75 ans et celles souffrant d’une pathologie qui les expose à de forts risques face au Covid-19. « Pour l’instant, le centre marche bien. On était prêts pour 1200-1300 personnes par semaine, mais on est limité à 750 à cause des livraisons des doses », détaille Mathieu Rocher. Une diminution du nombre de doses livrées qui implique la fermeture des centres bas-rhinois les lundi 25 et mardi 26 janvier, sur décision de l’Agence Régionale de Santé (ARS).
Des centaines d’appels par jour
Il est 14h30. A première vue, pas d’agitation dans les locaux, mais les trois standardistes sont submergés d’appels. A l’instar de Patrick. Habituellement employé au skatepark de Haguenau, il a été dépêché pour s’occuper du standard. “C’est beaucoup de coups de fil, de changements de rendez-vous, mais on fait aussi des accueils en présentiel. C’est sûr que c’est différent de ce que je fais d’habitude”, explique-t-il. Reprogrammer les 300 rendez-vous qui étaient prévus les 25 et 26 janvier, accueillir la cinquantaine de personnes qui se présentent chaque jour pour essayer d’obtenir une date et gérer les centaines d’appels entrants, le standard ne chôme pas. “C’est speed, ça va vite, mais je m’en sors bien. Je me sens utile dans ce combat contre le Covid”, ajoute encore Patrick, satisfait. “C’est dynamique !”, clame l’une de ses collègues.
“J’avais dit : dès que le vaccin sort je le fais !”
Dans la salle d’attente pré-vaccination, une dizaine de personnes patientent, quand certaines sont déjà installées dans la salle de surveillance. Vers 15h30, c’est de là que ressort Claude, 76 ans. “Moi j’avais dit : dès que le vaccin sort je le fais ! Je suis venu à 14h40 et ça était relativement vite”, s’enthousiasme le septuagénaire qui a déjà rendez-vous pour le rappel qui doit être fait 26 à 28 jours plus tard. “On ne sent rien du tout”, ajoute-t-il au bras de sa compagne, Arlette, 71 ans. “J’ai téléphoné ce matin et j’étais vraiment étonnée ! On lui a dit de venir cet après-midi. C’était très rapide. J’avais pourtant parlé à des personnes qui avaient du mal à prendre rendez-vous”, explique cette dernière qui espère avoir rapidement l’ordonnance de son médecin pour pouvoir à son tour se faire vacciner. “Dès que je l’ai, je rappelle et je reviens ici. On est très bien accueillis !”, affirme-t-elle.
Le centre de vaccination de Haguenau est pour l’instant le seul du Nord-Alsace avec celui de Wissembourg. “Il était préférable d’avoir un unique centre qui fonctionne bien et qui permet la mutualisation de moyens entre la ville et le Centre Hospitalier, au vu des difficultés d’approvisionnement en doses de vaccins. Surtout avec le vaccin Pfizer, qui est contraignant et dont on ne doit pas rompre la chaîne du froid. Dans un deuxième temps, nous souhaitons un maillage du territoire avec la mise en œuvre d’autres centres de vaccination”, précise Mireille Illat, adjointe au maire chargée des Solidarités, des Seniors et du Handicap. Pour le moment, à Haguenau, des rendez-vous sont pris jusqu’à début mars et plus aucun créneau n’est disponible sur la plateforme Doctolib. Il faudra prendre son mal en patience puisque les disponibilités dépendent du nombre de doses de vaccin. Les livraisons devraient toutefois s’accélérer d’ici à la mi-février.
Amélie Rigo