C’était il y a dix ans : le microcosme des youtubeurs manquait de vulgarisateurs francophones. Baptist Cornabas rêvait encore d’ouvrir sa boutique d’informatique, quand il s’est laissé séduire : « J’étais déjà consommateur de YouTube, j’étudiais l’histoire, alors parlons Y-stoire sur YouTube ! » Histoire avec un Y, car « c’est un des seuls reliquats grecs de notre alphabet latin, quoi de mieux pour représenter une chaîne
d’histoire ? »
Avec un père militaire et une mère américaine, le natif du Loir-et-Cher a beaucoup voyagé, dont un arrêt à Berlin en 1989. « J’avais 3 ans et quelques souvenirs de la chute du mur… J’étais destiné à devenir prof d’histoire ! », plaisante celui qui a longtemps cherché sa voie avant de s’épanouir dans son métier. Titularisé en 2019, le prof se sentait « un peu enfermé dans le carcan des programmes scolaires. On nous dit exactement quoi faire sans beaucoup de liberté pédagogique ».
De la grotte de Lascaux à l’invasion de la Crimée, Baptist avait ainsi « envie de développer certains sujets ». Mais « les premiers amours de la chaîne, c’est la géopolitique. Quand on regarde les infos, on sait ce qui se passe à un instant T, mais on comprend comment on est arrivé à se déchirer à ce point-là en regardant dans le passé ». Pour témoin, un rare
« morceau de béton authentifié par le gouvernement militaire de Berlin »
décore le studio qu’il a aménagé au fond de son garage : « Mon père a récupéré des morceaux du mur avec sa pioche pour ses cinq enfants ».
1,1 million de vues
D’ailleurs très occupé par sa vie de famille et son « troisième enfant en production ! », Baptist s’est entouré de Justin Lecarpentier, « un historien extraterrestre » aux scripts et de monteurs vidéo pour atteindre son objectif d’une sortie par mois. Résultat : 102073 abonnés au compteur, mais pour lui, pas de secret, « il faut être partagé par quelqu’un de plus gros. Encore récemment j’ai fait un feat avec e-penser, c’est ça qui marche ». Ses 114 vidéos attirent une audience de 7 à 77 ans, et la plus populaire—Simone Polak, une rescapée d’Auschwitz venue témoigner au collège—a même atteint 1,1 million de vues ! Des mises en scène, un personnage sympa, de l’originalité, un bon son : de quoi collectionner de véritables morceaux d’histoire.