Un chantier solidaire, c’est à la fois permettre aux volontaires de découvrir l’autre et apporter sa pierre à une communauté dans le besoin. Tandis qu’un groupe de femmes est de retour du Sri Lanka où elles ont rénové une école, Hamoud Bouabdellah, animateur global au CSC du Langensand, se souvient du premier séjour qu’il a organisé : « C’était en 2008 au Maroc, cela a créé une dynamique entre les jeunes du quartier Saint-Joseph et des étudiants ». Pour lui, tout l’intérêt est là, « brasser des publics qui ne se rencontrent normalement pas », et il l’a renouvelé au Sénégal en 2013. « J’ai emmené autant de filles que de garçons, des quartiers ou pas, d’origine française ou étrangère. Gros chantier, gros souvenirs », sourit-il.
En 2015, pour leur premier voyage au Vietnam, « 18 à 24 mois ont été nécessaires pour monter le projet et tester la solidité du groupe ». Hamoud sollicite des associations qui travaillent « à long terme, pour apporter une aide one shot » : c’est Mère Isabelle, « la mère Teresa du Vietnam », qui répond à l’appel. Douze jeunes partent ainsi « construire des maisons pour l’ethnie minoritaire Raglai, près de Nha Trang ». La Croix rouge est le partenaire local, ce qui « fait écho ici, puisqu’elle travaille avec certaines familles ». L’éducateur met en avant « le personnage d’Ali, tout en muscle ». Refusé sur un premier voyage, « il était mûr pour celui-ci. Il lui a permis de sortir de son rôle de gros dur du quartier, et d’être Ali, la personne. Quand il est revenu, il avait changé ». Idem à Madagascar, « les jeunes grandissent en partageant une aventure commune
avec un objectif commun ».
Premiers échanges
Yildiray, 45 ans aujourd’hui et éducateur, était du voyage en 2015. Devant la demande des jeunes, qui « postulent dès 15 ans parce qu’ils s’identifient à des modèles », il lance son propre projet solidaire au Vietnam. En 2023, le voilà parti avec son groupe « de 19 à 47 ans » pour construire deux maisons, bravant la météo et le manque de matériel. « Le voyage commence dans l’avion, raconte-t-il. On va au moins cher, il faut deux jours, un hôtel de passes à l’arrivée, puis sept heures de train. Premiers échanges avec la population, les yeux ne trichent pas, et les Français sont trop tactiles ! » Captée par un jeune en charge de la caméra pendant tout le séjour, chaque étape est commentée au retour, pour des films vrais et mémorables. Les diffusions publiques permettent de « promouvoir les actions et faire effet boule de neige sur les autres CSC ».
