Maxi Flash : Vous êtes infirmière, mais votre vocation serait-elle d’écrire ?
Margot Estner : Ma vocation initiale c’était psychiatre, j’ai été infirmière en psychiatrie à la Maison d’arrêt de l’Elsau et à l’Epsan avant Haguenau. En mars 2024 est arrivé un moment de ma vie de l’ordre de la crise existentielle où j’ai dû trouver des solutions pour m’exprimer, l’écriture s’est imposée comme un exutoire nécessaire et naturel. J’ai toujours aimé les mots, les jeux de mots, quand ça sonne bien, je lis beaucoup et forcément ça nourrit le style.
Votre métier vous a-t-il inspirée ?
Ce qu’il y a de commun entre tous ces services, c’est qu’on rencontre des gens qui souffrent, physiquement, mentalement, de précarité sociale… J’aime mon métier parce qu’il est relationnel, passer du temps avec les gens et les écouter, pas pour le côté technique. Victoire, c’est mille de mes patientes ! Il y a forcément des anecdotes, mais aussi le secret médical quand on est confronté à la violence.
Quand vous déposez votre manuscrit sur l’application Edith et nous—à laquelle seuls les éditeurs certifiés ont accès—vous ne vous attendez pas à gagner le Prix du thriller des Éditions Prisma !
Les planètes étaient alignées, c’est un concours pour les primo-romanciers, mon genre et mon auteur de prédilection Franck Thillier est président du jury ! Nous avons déjeuné ensemble, c’est quelqu’un de très accessible, de bon conseil, c’était hyper enrichissant. Il a été dithyrambique, du jour au lendemain, mon auteur phare me dit que j’ai produit un truc absolument abouti, c’est surréaliste, cela fait trois mois que je plane !
La Théorie du mal, est-ce la société de la peur de l’autre ?
Justement pas, j’ai un leitmotiv, avec mes patients, mes collègues, mes amis : il faut toujours contextualiser. Rien ne vient jamais de nulle part, c’est tellement important pour éviter de pointer du doigt les autres. Ce n’est pas histoire d’excuser des faits, et dans ce roman qui décrit des horreurs, et dans ma pratique, les jugements rapides me titillent un peu. Je n’écrirais pas de violence gratuite, donc il faut terminer le livre pour avoir l’explication du mal…
Pour la petite histoire
Margot Estner se dit boulimique de polars et craignait de plagier ses auteurs favoris, Stephen King, Franck Thilliez, Donato Carrisi… Lorsqu’elle tombe sur une édition ancienne d’Ils étaient dix d’Agata Christie et son personnage Philip Lombard, elle se rend compte qu’elle a inconsciemment nommé son sergent… Philippe Lompard !