Loin de l’imaginaire populaire, où sangliers, chevreuils et autres rongeurs feraient un maximum de dégâts dans les champs, Christophe Klein, un agriculteur hœrdtois, est catégorique : “ D’année en année, c’est pire. Les corbeaux n’ont pas de prédateurs, ils sont intelligents et organisés, ils arrivent en bande et utilisent des guetteurs. Je les ai déjà vus s’attaquer à plusieurs à une buse ! C’est une catastrophe, car ils se multiplient rapidement et vivent très longtemps”.
Une explosion répétitive
Pour lutter contre l’envahisseur à plumes et ses consœurs les corneilles, certains utilisent l’effaroucheur sonore qui résonne à intervalles plus ou moins réguliers dans les parcelles ensemencées de maïs par exemple. Bien que la commune de Hœrdt réglemente son utilisation par arrêté municipal, interdisant tout tir d’effarouchement à moins de 500m des habitations et entre 18h et 8h du matin, de nombreux habitants se plaignent de cette explosion répétitive semblable à des feux d’artifice sous leur fenêtre. “Samedi soir et les explosions continuent”, “s’il vous plaît, faites stopper ces bruits !” peut-on lire sur la page Facebook de la commune, à quoi répondent par écrit certains agriculteurs. Mais lorsqu’on leur tend le micro, c’est silence radio, déçus du manque de soutien de la population. Pourtant, c’est donnant-donnant : «les exploitations agricoles engendrent certes des nuisances, mais remplissent les rayons primeurs des magasins. Et pour que les semences prennent, l’effarouchement est nécessaire pendant les semailles, puis éventuellement quand les épis sont mûrs.» Christophe Klein précise cependant que “les canons marchent bien au début, mais les corbeaux s’y habituent et savent qu’il n’y a pas de danger”.
La corbeautière, une caisse grillagée
D’autres solutions existent encore, comme le cerf-volant effaroucheur pour dissuader les volatiles d’approcher des cultures, mais l’agriculteur y a renoncé, car trop fragile. Cette année, il a voulu investir dans une corbeautière, c’est-à-dire “une caisse grillagée dans laquelle on enferme un corbeau vivant qui attire les autres. Ils peuvent y entrer, mais pas en sortir. D’une part, on en capture, d’autre part, on dissuade les autres de s’approcher”. Pour cela, il faut être “piégeur agréé par le département”, un titre que possède Christophe Klein.
Mais la demande étant trop forte, il n’a pas eu sa livraison à temps pour protéger ses asperges. En conséquence, “les corbeaux picorent essentiellement les plants que je laisse monter en graines. Lorsque la tête est coupée, la plante dépérit”. Et menace la récolte de l’année suivante… Comment imaginer Hœrdt sans ses asperges à cause des
corbeaux ? Cette leçon ne vaut pas tout un fromage sans doute !