jeudi 21 novembre 2024
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Ilaria ou la conquête de la désobéissance de Gabriella Zalapi

Dans un roman à couper le souffle, d’une grande sensibilité, l’autrice nous embarque dans l’enfance d’une fillette déchirée entre deux parents. Éditions Zoé.

Une fois encore, force est de constater que le talent ne se mesure pas au nombre de pages et que de plus petites maisons d’édition peuvent être de véritables orfèvres. Avec Ilaria, Gabriella Zalapi s’est inspirée de sa propre histoire. Dès la première page, on est happé par ce qui s’infiltre au cœur du récit, par cette aventure vécue à hauteur d’enfant, de ce road trip peu commun dans lequel la petite fille nous entraîne, aux côtés de son père. Car Ilaria c’est une gamine prise en otage, victime collatérale du désamour entre deux adultes, de la folie qui guette les âmes abandonnées et meurtries.

Ce qui aurait dû ne durer que quelques heures, voire quelques jours tout au plus va s’étirer sur deux années dans une sorte d’errance, de Turin jusqu’en Sicile dans l’Italie des années 80. Une cavale d’hôtel en hôtel, de rencontres aussi inattendues qu’inoubliables, noyées dans les effluves de l’alcool d’un homme à la dérive. Durant deux ans, arrachée à sa mère et séparée de sa sœur, Ilaria sera la prisonnière du cœur inconsolable de son père. Dans ce tête-à-tête si particulier, elle tentera comme elle peut de prendre soin de lui, à sa manière de petite fille. On la suit dans ce qu’elle éprouve et ressent, dans cet amour inconditionnel et cette détestation que se disputent son cœur. À 8 ans on n’a pas les mots pour décrypter les émotions qui tourbillonnent. Alors on tente d’intégrer ce monde qui s’offre à soi avec les larmes au bord des yeux et la sensation que malgré tout, la vie peut offrir des souvenirs en couleurs qui demeureront dans la pellicule de la mémoire.

Un livre qui, malgré son histoire douloureuse, brille de mille feux.

C’est un livre qui se lit d’une seule traite, d’une incroyable beauté. Une sorte de voyage au cœur d’une petite fille qui nous tend la main. Car elle a besoin de nous, Ilaria, dans ce dialogue presque intime que met en scène l’autrice avec son lecteur. Une façon certainement pour cette dernière, des années plus tard, de donner à partager cet arrêt sur image de sa vie. On en ressort bouleversé, admiratif aussi.

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