Elle avait la mine réjouie et le cœur en joie ma voisine, fatiguée mais heureuse, en fermant son coffre de voiture. Il était midi, elle prenait la route en direction du sud, la radio branchée sur sa fréquence préférée, celle des vieux tubes de l’été. Elle allait chercher le soleil et la chaleur qui lui ont tellement manqué ces dernières semaines. C’est qu’elle est à cheval sur le bonheur ma voisine. Chaque année, elle descend vers le Midi, le Midi, sur l’autoroute des vacances, et chaque année, elle pense que le jour du départ est un jour de chance. Je lui aurais bien proposé de m’asseoir sur le siège passager, au moins quelques kilomètres, jusqu’à Lyon et son tunnel et même plus loin si affinités, mais notre niveau de relation n’en est pas encore là (et je ne sais pas si elle a vérifié le niveau d’huile). J’aurais pu faire le pare-brise et le plein dans les stations, acheter des sandwichs d’autoroute, saluer, salut bisame, tous les Alsaciens que l’on aurait croisés au péage, mais pour les vacances, c’est chacun pour soi, on fera des châteaux de sable plus tard. Mon château en Espagne s’est écroulé. Elle va se refaire la cerise sans moi ma voisine. Je la retrouverai dans un mois, bronzée et reposée, prête à faire de sa vie une joie. Je vais regarder les JO à la télé, et pour la médaille d’or du voisin le plus chanceux, je vais attendre la rentrée. Il était midi deux, j’ai débouché une bière et je me suis dit pourquoi penser au lendemain ?