samedi 23 novembre 2024
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Droits des femmes : Cinq Alsaciennes prennent la parole

À l’occasion de la journée des droits des Femmes, nous avons demandé à cinq femmes d’Alsace d’univers différents, de nous écrire un texte court. Une artiste, une grande patronne, une scientifique, une cheffe d’entreprise auteure des polars et la déléguée régionale de Miss France répondent à cette question : que signifient pour vous les droits des femmes ?

Catherine Martinez

Déléguée Régionale Alsace Miss France
Présidente Délégation Alsace

« Parmi les pays qui ont mieux réussi à contenir l’épidémie, la plupart est dirigée par des femmes. »

« Au travers de mes différents métiers, j’accompagne des femmes ou des jeunes filles dans leur parcours de vie pour révéler leur potentiel et leur permettre de se positionner à la bonne place dans la société actuelle. Au quotidien, lorsque je forme les candidates à l’élection régionale Miss Alsace, l’une de mes priorités est de développer leur confiance en elles afin qu’elles acquièrent « cette clé de base » qui leur permettra de s’affirmer et de se positionner en tant que femme avec un grand « F » dans notre société. Les femmes du monde entier se sont distinguées par la rapidité, la détermination et l’efficacité de leurs réponses. Elles ont été nombreuses à être en première ligne face à la crise de Covid 19. Professionnelles de santé, mais aussi innovatrices en tant que dirigeantes, elles ont été exemplaires ! La plupart des pays qui ont mieux réussi à contenir la vague de la pandémie de Covid-19 et à répondre à son impact sanitaire ainsi qu’à l’ensemble de ses répercussions socio-économiques sont dirigés par des femmes : au Danemark, en Éthiopie, en Finlande, en Slovaquie… Pourtant, partout dans le monde, de nouveaux obstacles sont apparus avec la pandémie de Covid-19. Les femmes sont confrontées à une augmentation de la violence domestique, des tâches de soins non rémunérés, du chômage et de la pauvreté. Un long chemin reste encore à parcourir, c’est pour cela qu’ENSEMBLE, il est important de défendre les droits des femmes, des droits humains fondamentaux. »  


 

Mina Moutski

Auteure de Polars et chef d’entreprise

« Aucun combat n’est propre et celui du droit des femmes porte ses parts d’ombre que j’assume par sororité plus que par enthousiasme. »

« Je peine à mettre de l’ordre dans mes mots lorsqu’il est question du droit des femmes. Il y a d’abord mon cri de rage et de mépris face aux viols, aux violences sexuelles et harcèlements ordinaires, face aux croyances moyenâgeuses qui confinent l’identité féminine, face aux rémunérations abusives pour des boulots de merde… Il y a aussi mon admiration pour les 343 salopes, Angela Davis, Simone Veil, les Pussy Riots, les Femens, Adèle Haennel ou les femmes iraniennes de « My stealthy freedom », qui risquent la prison pour une photo cheveux au vent. En revanche, je suis mal à l’aise lorsqu’un homme se trouve publiquement jeté en pâture sans que la justice ne l’ait (encore) condamné. Je n’ai pas envie de devenir aussi abjecte que ceux qui lapident une femme parce qu’ils estiment qu’elle a péché. Aucun combat n’est propre et celui du droit des femmes porte ses parts d’ombre que j’assume par sororité plus que par enthousiasme. L’égalité des sexes et le respect du droit des femmes à disposer de leur corps partout dans le monde justifient sans doute des moyens parfois discutables. Les principes résistent difficilement à l’épreuve d’une réalité violente et abusive. Il y a urgence et je conviens que l’utopie d’une égalité harmonieuse entre les sexes ne suffit pas à infléchir la réalité. Elle me semble néanmoins incontournable pour gagner la liberté de toutes, sans nous laisser piéger dans la pataugeoire de fange où se complaisent ceux qui n’ont rien compris. »  


 

Nathalie Roos

Présidente de L’Oréal Professional Products

« Montrons l’exemple à nos filles et nos garçons, c’est ce qu’on voit qui change le monde »

« Lorsque je réponds à des jeunes femmes qui s’interrogent sur le “plafond de verre” et les chances de réussite des femmes dans la vie professionnelle, j’ai coutume d’expliquer que ma maman a fait l’école de commerce célèbre, HEC, mais HEC JF (Jeunes Filles), parce qu’elle n’était pas mixte; qu’elle n’a eu le droit d’ouvrir un compte en banque ou faire un chèque sans la signature de son père ou de son mari qu’en 1965, date de mon année de naissance ! Ceci pour illustrer que, oui, les droits des femmes ont fait d’immenses progrès. C’est aujourd’hui une question de taille critique : plus il y aura de femmes présentes au plus haut niveau de responsabilités, dans les entreprises et dans la société, plus les références seront modifiées et le monde sera équilibré. Je crois qu’un frein majeur à la progression des femmes reste leurs doutes et leur manque de confiance en elles. Montrons l’exemple à nos filles et nos garçons, c’est ce qu’on voit qui change le monde ! » 


 

Annabelle Kremer-Lecointre

Enseignante (SVT), aventurière, auteure

« On m’a dit : les hommes pourraient mal interpréter tes sourires »

« « Partir deux mois pour une mission scientifique sur une base antarctique? Comment vont faire tes enfants ? ». Paroles de femmes. Moi : « Il se trouve qu’ils ont aussi un papa. ». « Regarde-toi dans la glace : qu’est-ce que tu vois ? Moi, je vois une femme, jolie et très souriante. Je te mets en garde : sur la base, les femmes sont rares et les hommes pourraient mal interpréter tes sourires. ». Paroles d’un médecin, à bord du brise-glace, dont c’est la première mission. Moi, si abasourdie que la réplique peine à sortir. Le lendemain, je raconte la scène à tous les passagers et l’équipage du navire, réunis pour d’ultimes consignes avant l’arrivée. Long silence. Trente visages qui restent fermés. Un seul pour relever le caractère méprisant, tant pour les femmes que les hommes, des propos tenus par ce médecin. Les stéréotypes de ce genre ont la vie dure. »


 

Sylvie Reff

Artiste

« Lorsque la moitié du monde sera gouvernée par leur vigilance, l’humanité y gagnera en justice, en survie et en douceur »

« Les droits de la femme ? Vous voulez dire ceux de l’homme, de l’être humain ? Car un homme sur deux reste une femme. À se demander comment les Romains assuraient l’équilibre du genre, eux qui ne laissaient survivre qu’une de leurs filles, en général l’aînée.Nous émergeons d’une lente préhistoire avec chaque année rien qu’en France, pays-phare des droits de l’homme, une centaine de femmes massacrées par leurs doux bien-aimés, une cinquantaine d’enfants de moins de cinq ans tués par papa-maman, soixante mille jeunes filles excisées par des mamies et des taties : des chiffres épargnés aux hommes, et dont nul ne souhaite qu’ils en deviennent égalitairement victimes.  Et ailleurs ? 34% d’écart salarial en Corée du Sud, le viol partout utilisé comme crime de guerre, les rapts en masses d’écolières nigériennes, la stérilisation forcée des jeunes Ouïgours, l’esclavage sexuel des jeunes yézidies : ce que l’on nomme l’égalité des droits et les avancées du progrès. Certes les matraques électriques plus légères ont pris le relais des lourdes massues néanderthaliennes, mais c’est toujours le même geste pour supprimer la provocante différence de l’autre, l’écraser de sa suprématie, se vautrer dans la moindre ligne de non-résistance. Comme si notre cerveau gauche se vengeait à jamais de notre insaisissable cerveau droit au lieu de collaborer dans l’harmonie d’un couple aimant. Que resterait-il d’une planète sans femme ? La survie de la nôtre dépend plus que jamais des mains féminines qui, de haïr la guerre en savent d’autant mieux soigner la vie. Ce ne sont pas Louise Weiss, Angela Merkel, Florence Arthaud, Mère Teresa, Marie Curie ni les nombreuses femmes enfin devenues présidentes, ministres et vigiles de tous nos futurs de paix qui démentiront. Lorsque la moitié du monde sera gouvernée par leur vigilance, l’humanité y gagnera en justice, en survie, et en douceur. Même s’il est consternant de les voir toutes soumises à la tristesse du pantalon unisexe qui laisse si peu d’espace au mystère. Mais si un jour mes cinq petites-filles deviennent pilotes de chasse, ministres ou championnes de karaté, je sais qu’elles n’en feront que mieux rêver les cœurs et les regards, bien plus haut et plus fort que si elles étaient résignées et asservies. »

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