lundi 16 septembre 2024
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La petite bonne de Bérénice Pichat

Dans la France de l’après-guerre, l’autrice construit un récit autour d’un huis clos captivant entre une jeune domestique et son maître. Éditions Les Avrils.

Le roman c’est l’histoire de la petite bonne, figure essentielle de cette société des années 1930. Femme de l’ombre, elle passe sans qu’on la remarque vraiment, discrète et efficace, et trime dans le confort des maisons bourgeoises, de l’aube au crépuscule. C’est sa vie, celle d’être au service des autres, chez les Massin, les Pinchard. Il y a aussi le couple Daniel, atypique. Lui est un ancien pianiste, gueule cassée de la Première Guerre mondiale qui a perdu une partie de son visage et de ses membres et qui vit aux côtés de sa femme Alexandrine, dévouée, sacrifiée sur l’autel du mariage. D’avant il ne reste plus rien, tout s’est disloqué, les rêves, les promesses et ce qui fut. Un week-end, Alexandrine part à la campagne, ce qui n’arrive jamais. C’est aux mains de la petite bonne qu’est confié Monsieur et durant ce temps, ils vont devoir s’apprivoiser. Au début ils ont du mal, mais plus les heures passent plus les frontières se font poreuses. De cette vie que l’on porte avec angoisse, de ces secrets que l’on enferme à double tour pour tenter de les oublier, de ces corps mutilés dans leur intimité, de ces douleurs qui empêchent et vampirisent, les deux personnages vont créer un lien inattendu jusqu’à générer une demande folle de la part de Monsieur.

Ce huis clos qui se joue donne au livre toute sa substance. C’est l’occasion de mettre en scène deux mondes que tout oppose et qui se rapprochent grâce à une douleur commune. Le corps est ici le médium permettant de dire et de se confronter à l’autre dans une chorégraphie et un élan qui donnent une véritable substance aux personnages. On retiendra certaines scènes, belles à couper le souffle dans lesquelles émane une sensualité lumineuse contrecarrant avec grâce, la souffrance première. Qu’il est beau ce roman, qu’il est original et qu’il est contemporain dans les thématiques abordées. Un régal de lecture autant pour l’histoire narrée que pour les vers libres qui côtoient la prose classique, parti pris original de l’autrice et dont on se délecte. Il y a dans ce récit la rencontre de deux âmes brisées, c’est plein d’humanité et de beauté. Une lecture de rentrée à ne pas manquer.

Isa sur insta : lodyssee_des_mots

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