Avec 100.000 animaux abandonnés chaque année en France, dont 60.000 durant l’été, la France a le triste record d’abandon en Europe. « Il y en a de moins en moins malgré tout », relativise d’emblée Sabine Fghoul, directrice de la SPA de Haguenau depuis 1995. À 61 ans, elle est membre de l’association depuis 1981 et du haut de ses 39 ans d’expérience elle évoque une évolution : « Il y a une prise de conscience chez les plus jeunes générations sur le statut de l’animal par exemple, qui n’est pas un meuble. On arrive aussi plus facilement à placer un animal âgé ou handicapé », témoigne-t-elle. Toutefois, l’été reste une période particulière : « C’est le moment des naissances pour les chats. Les gens ne les stérilisent pas et on se retrouve envahis par des demandes de placements de chattes avec leurs petits, on est saturés. On fait alors appel à des familles d’accueil », explique Sabine Fghoul.
Et si la SPA présente ses animaux sur Facebook, pas question de les placer après un simple coup de coeur sur une photo: « Nous faisons toujours une enquête préalable dans les familles d’accueil pour nous assurer que tout se passe au mieux. Nous, on connaît l’animal. Ça nous arrive de refuser une adoption », prévient la directrice.
Des signalements de mauvais traitement
Actuellement, l’association compte une vingtaine de chiens et une cinquantaine de chats. Pendant le confinement, l’association n’a eu qu’un seul abandon d’animal. « Nous avons eu des signalements de mauvais traitement, mais nous ne pouvions pas nous rendre chez les gens », regrette Sabine Fghoul. Respect des conditions sanitaires oblige, la trentaine de bénévoles actifs et les sept salariés de la SPA s’organisent : une douzaine de personnes peut être présente au même moment au refuge et les familles adoptantes sont accueillies sur rendez-vous uniquement.
Malgré son action, certaines activités échappent à la SPA : « Les gens passent par d’autres filières et toutes les ventes d’animaux sur les réseaux sociaux, c’est pénible », s’agace Sabine Fghoul. Favorable au rapport du député LREM Loïc Dombreval sur la maltraitance animale et aux achats d’impulsion, la directrice de la SPA rappelle : « Nous ne sommes pas là pour gérer l’égoïsme des gens ou ceux qui sont dans un système de consommation avec l’animal. La SPA est avant tout là pour permettre aux personnes qui ont un accident de vie dans leurs parcours de nous confier leur animal ».