Selon le Ministère de l’Éducation nationale, « chaque élève doit être capable de communiquer dans au moins deux langues vivantes à la fin de l’enseignement secondaire». Toutefois, le bilinguisme n’a pas toujours eu si bonne presse. Lorsque l’Alsace est redevenue française, dans la période d’après-guerre, le gouvernement a tout mis en œuvre pour la franciser.
Apprendre tôt et mieux
Alors depuis plusieurs années, de nombreux Alsaciens se battent pour réparer les dégâts. Car l’alsacien et l’allemand sont des langues presque indispensables dans cette région frontalière.
La première école associative bilingue ABCM Zweisprachigkeit a vu le jour en 1991. Depuis il existe 11 écoles de ce type en Alsace et en Moselle, dans lesquelles l’enseignement est dispensé de façon paritaire en français et en allemand, dès la maternelle. L’objectif : être en immersion dans la langue allemande tout en s’imprégnant de sa culture.
L’école Unseri Schuel de Schweighouse a ouvert sa première classe de maternelle en septembre 1994. Aujourd’hui, environ 175 enfants y sont scolarisés. Son association est notamment gérée par des parents d’élèves. Jasmine Boerio, mère de quatre enfants dont deux qui y sont scolarisés, en est la secrétaire. « Chaque classe a deux enseignantes qui travaillent en alternance avec leur langue maternelle. L’une enseigne uniquement en allemand, l’autre uniquement en français, pour que les enfants aient le réflexe de s’adresser à elles dans la bonne langue. Ils ont de fortes capacités d’adaptation, et les classes à double niveaux poussent les petits à mimer les plus grands en les regardant. Les assistantes maternelles sont aussi là pour les aider, surtout au début », explique-t-elle.
L’alsacien à la cantine
La mission de ces écoles est également de sauver le dialecte alsacien. C’est pourquoi l’allemand est appris dans ses formes standard et dialectales. Dans le périscolaire et la cantine de l’école de Schweighouse, l’alsacien se veut majoritaire. Pourtant, le français prend toujours le pas dans la cour de récréation. « Les familles qui maîtrisent le dialecte représentent une minorité », poursuit Jasmine Boerio, « c’est pourquoi il faut compenser avec ces enseignements pour donner aux enfants la chance de devenir des vrais bilingues. Cela leur laissera une plus grande liberté de choix plus tard ».
Le système porte ses fruits
« Très tôt, ils sont capables de demander soi-même des renseignements en Allemagne. On voit également la différence au collège: ils peuvent intégrer les classes bilingues, puisqu’ils ont déjà appris le vocabulaire des sciences, de l’histoire et de la géographie en allemand. Cela leur donne également la possibilité de poursuivre ce cursus bilingue
jusqu’à l’Abibac s’ils le souhaitent ».
Des classes en immersion complète
L’association ABCM Zweisprachigkeit a voulu aller plus loin. Trois écoles pilotes, dont celle de Haguenau, ont mis en place un cursus en immersion complète allemand-alsacien. L’école de Schweighouse serait amenée à suivre dès la rentrée 2020 pour les maternelles, puis en 2023 pour les CP. Une idée qui réjouit les parents. « Les études prouvent que l’apprentissage d’une deuxième langue favorise l’apprentissage de la première. De plus, le calcul et l’écriture peuvent s’apprendre dans n’importe quelle langue ! Les signes des écoles pilotes sont encourageants: les enfants qui ont suivi ce cursus en maternelle parlent l’allemand en arrivant au CP », conclut Jasmine Boerio.
Réunion d’information : 26 février à 20h, à l’école Unseri Schuel
à Schweighouse-sur-Moder
03 88 72 68 88
Jasmine BOERIO : 0663098428