Dans votre enfance, comment vous êtes-vous rendu compte que vous aviez un attrait pour l’art ?
À 12 ans, chez moi, je montais déjà des expositions de dessins ou de peintures, que j’avais réalisés. Je me suis d’abord tourné vers un baccalauréat scientifique, pour faire comme mes frères, mais je me suis vite rendu compte que ça ne me plaisait pas et que l’art m’attirait beaucoup plus.
J’ai lu que vous avez beaucoup appris en autodidacte…
En parallèle de la peinture, du dessin, de la photographie ou encore de l’histoire de l’art et de toutes les matières enseignées aux Beaux-Arts, j’apprenais seul à utiliser des logiciels d’animation. À cette époque, à la fin des années 90, les outils étaient très peu développés. Il n’y avait que très peu – voire aucunes – écoles spécialisées. De plus, il n’y avait pas encore YouTube et ses nombreux tutos disponibles maintenant. J’apprenais dans des livres, de plus de 500 pages, sans images. Ils ne donnaient pas envie d’être ouverts, mais j’étais passionné. J’ai beaucoup appris en essayant. J’ai procédé de la même manière dix ans plus tard, quand j’ai fondé ma société de production. Je n’avais aucune connaissance dans ce domaine.
Vous souvenez-vous de vos premières créations ?
Bien sûr. J’ai sorti deux courts-métrages durant cette période. Ils n’avaient pas de titre et ne duraient pas plus de deux minutes. Ils abordaient la thématique du clonage. Ils m’ont permis de remporter quelques prix locaux. J’en suis fier !
Quelles ont été vos premières expériences dans le métier ?
À la sortie des Beaux-Arts, j’ai intégré une société parisienne spécialisée dans la création de publicités et d’effets spéciaux, en tant que directeur artistique. Ensuite, j’ai travaillé pour différents studios au Luxembourg. En 2007, alors que je continuais de développer mes idées et mes projets d’animation en parallèle de mon emploi, je me suis rendu compte que peu de producteurs croyaient en ce que je créais. J’ai décidé de créer ma propre société de production, pour donner vie à mes créations. C’était le début de l’aventure de Zeilt Productions. Nous avons développé divers projets, à grande ou moyenne échelle, qui ont tous rencontré un certain succès. C’est une belle aventure qui suit son cours.
Un des premiers gros courts-métrages d’animation produit par Zeilt Productions a été
M. Hublot, pour lequel vous avez remporté un Oscar ! C’était il y a déjà 10 ans !
C’était complètement fou. Nous étions en compétition avec Pixar et Disney, deux mastodontes de l’industrie cinématographique. Pendant toute la compétition, tout le monde me répétait qu’il était impossible de gagner face à Disney, et pourtant ! Malgré cette rivalité, j’étais confiant. Dans la vie, de manière générale, je ne dis pas qu’une chose est impossible tant que je ne l’ai pas vérifiée. J’ai mis toute l’énergie possible dans ce projet, pour l’emmener le plus loin possible. En plus de l’Oscar, le film a remporté de nombreux autres prix nationaux et internationaux. Encore aujourd’hui, il est souvent diffusé dans des écoles, pour être étudié. J’entends régulièrement des étudiants ou des professeurs qui m’en parlent. Je suis très fier qu’il continue de vivre et de plaire, même dix ans après sa sortie.
Un nouveau film, que vous avez coproduit, vient de sortir en salle : Angelo dans la forêt mystérieuse. À quoi peuvent s’attendre les spectateurs ?
Avec Vincent Paronnaud et Alexis Ducord, les deux autres créateurs, nous avons travaillé trois ans sur ce projet. C’était une belle aventure artistique, technique et humaine. Pour donner vie à ce film, nous avons utilisé des moteurs graphiques de jeux vidéo, c’est inédit. Adapté aux enfants, il plaira aussi aux adultes, à coup sûr ! Le film est centré sur Angelo, un jeune garçon de 10 ans, qui rêve d’aventure et d’exploration. Lors d’un voyage en famille pour se rendre auprès de sa grand-mère malade, il est oublié sur une aire d’autoroute. Il décide de couper à travers la forêt, à pied, pour rejoindre sa mémé adorée. Il s’enfonce très rapidement dans un territoire mystérieux, peuplé d’êtres étranges. Plus le garçon se perd dans la forêt, plus le spectateur découvre l’imaginaire, le fantastique et même l’humour du lieu.
Avez-vous d’autres projets dans les cartons ?
Nous travaillons sur une série animée autour du sport, dans laquelle chaque épisode abordera une autre pratique sportive. De plus, dans quelques mois, un deuxième long-métrage verra le jour. Appelé Benjamin Bat, il raconte les aventures d’une chauve-souris atteinte de nyctalophobie (la peur de la nuit). Il a déjà été diffusé en ouverture du festival Cinekid d’Amsterdam il y a quelques jours.