Petit à petit, le paysage automobile s’électrifie. Certes, la transition est lente : l’an passé, un peu moins de 25 000 modèles électriques ont trouvé preneur, soit environ 1 % des véhicules neufs. Ce chiffre est pourtant en hausse constante. La particularité de ce marché est que les clients misent majoritairement sur les contrats de location LOA ou LDD. Ainsi, 80 % des clients particuliers de la Renault Zoé repartent avec la citadine survoltée après avoir signé un bail de trois ans avec option d’achat. Un choix de bon sens : la technologie n’ayant de cesse d’évoluer, les acquéreurs préfèrent profiter régulièrement d’un nouveau modèle. La Zoé, par exemple, a vu ses batteries passer de 22 à 40 kWh l’année dernière, pour une autonomie portée à près de 500 km.
En conséquence, les concessionnaires vont être confrontés à un retour important des modèles écoulés ces trois dernières années : le taux de retour après trois ans est de 90 % ! Renault a vendu 10 400 Zoé en 2015 et Nissan 2 200 Leaf. De fait, les concessions vont prochainement se remplir et l’offre sera sans doute bien supérieure à la demande : les prix devraient donc tout naturellement devenir attractifs.
La guerre des prix
La facture finale est en effet le nerf de la guerre. Le Losange qui vient à peine de rendre ses batteries disponibles à la vente alors que seule une location était possible auparavant l’a bien compris. Mais le tarif reste particulièrement élevé. À 8 900 €, il est possible de trouver une citadine neuve (Dacia, Fiat Panda, etc.). Débourser entre 26 600 € (Zoé) et 28 000 € (Leaf) pour réaliser sa transition énergétique est hors de propos pour la grande majorité des ménages, même si le bonus écologique permet de réduire un petit peu la note. L’abonnement d’environ 60 € par mois pour les batteries est également prohibitif. Le marché de l’occasion s’impose alors comme une évidence.
Renault a fixé le prix : une Zoé Life de 3 ans ou 37 500 km coûte 9 600 €. C’est 12 500 € pour une Leaf. Malheureusement, il faudra toujours compter sur un loyer de 60 € pour les batteries. Cependant, le pire cauchemar des concessionnaires étant de voir leur parking se remplir inexorablement de véhicules électriques, il peut ne pas être vain d’actionner le levier du loyer dans le cadre d’une négociation entre gentlemen.
Autre bonne nouvelle, la prime de conversion consentie par le gouvernement s’applique aussi au marché de l’occasion. En remplaçant un véhicule essence immatriculé avant 2006 ou un diesel d’avant 2011, une prime allant jusqu’à 5 000€ sera octroyée pour les personnes dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 18 000€. Une fois la première marche franchie, le coût au kilomètre devient très attractif : comptez environ 2 € pour 100 km, soit cinq fois moins, en moyenne qu’un véhicule thermique. Sans oublier le fait que le revirement des autorités en défaveur du diesel a entraîné une hausse mécanique des prix des citadines fonctionnant à l’essence. Comparativement, un véhicule électrique devient donc plus intéressant.
Autonomie : lever les doutes
En plus du prix, qui tend à être plus raisonnable, l’autre obstacle à lever est celui de la fiabilité. La longévité des batteries reste, dans l’inconscient collectif, l’un des points faibles des véhicules branchés. Dans les faits, les constructeurs ont réalisé d’importants progrès. La durée de vie des piles est désormais supérieure à celle de la voiture elle-même. En outre, le système de loyer équivaut à une garantie à vie puisque les batteries sont remplacées dès que le taux de charge tombe à moins de 75 % de la capacité d’origine. L’entrée dans le monde de l’électrique apparaît ainsi de plus en plus envisageable et accessible.