Maxi Flash : D’où est née l’idée d’installer des Stolpersteine à Bischwiller ?
Gerdy Dreyer : Un jour, en Allemagne, j’ai vu des pavés de ce genre et je me suis renseigné sur leur signification. C’est l’Allemand Gunter Demnig qui les a inventés en 1993. Le mot se traduit par pierres sur lesquelles on trébuche. L’idée est de faire trébucher notre mémoire sur les atrocités de la guerre. En 2019, j’ai assisté à la pose des premiers Stolpersteine alsaciens à Strasbourg. Je suis entré en contact avec l’association Stolpersteine 67, j’ai rendu visite à Gunter Demnig, puis j’ai voulu faire quelque chose à Bischwiller.
Comment avez-vous découvert l’existence des résidents déportés ?
Je suis bénévole à la Fondation et je m’occupe du Musée du Sonnenhof. J’ai eu accès à une étude réalisée par Othon Printz, ancien directeur du Sonnenhof, sur des résidents juifs qui avaient été déportés. L’association Stolpersteine 67 et des élus bischwillerois, comme Jean-Pierre Datin, m’ont également aidé à trouver des informations.
Qui étaient ces victimes du nazisme ?
Nous savons que ces juifs déportés avaient entre 7 et 55 ans. Ils étaient handicapés et résidents de la Fondation. Ils ont été déportés à Auschwitz ou ont disparu sans laisser de traces entre 1940 et 1942. Ils s’appelaient Caroline Bohr, Alice Dreyfuss, Irène Scheer, Henri Bajtel, Pierre Csillac, Éduard Kahn, Marcel Levy, Maurice Truschynski et Joachim Warmund.
Deux lieux ont été choisis. Pourquoi ?
Nous avons posé des pavés dans la rue des Trois Tilleuls à Oberhoffen, devant la maison mère de l’institution, puis six autres pavés à l’entrée du Sonnenhof, en mémoire des résidents arrêtés à ces deux endroits. La cérémonie a été chargée d’émotion, avec une belle allocution du Grand Rabbin de Strasbourg. Chaque Stolperstein est recouvert d’une plaque en laiton sur laquelle sont indiqués les noms, dates de naissance, de déportation et de décès des personnes disparues.