Dans les lieux touristiques, on trouve des poteries avec des motifs bien de chez nous, ou avec l’inscription « Alsace ». Mais, certaines viennent de loin, on ne connaît pas leur composition et elles sont de moindre qualité. «Nous demandons l’Indication Géographique Protégée, ou l’IGP. Il y a des gens qui vendent des produits importés en les faisant passer pour des produits alsaciens», nous confie Peggy Wehrling, potière. « Les touristes ne font pas la différence, mais les contrefaçons sont mal réalisées et les produits utilisés ne sont pas contrôlés. Alors qu’ici, nous devons donner des garanties, comme le fait que nous n’utilisons pas de plomb par exemple. »
«Que serait la région sans le moule à kougelhopf ou le moule à baeckeoffe»
Avec l’aide d’organismes comme Alsace Qualité, et avec le soutien de la région, les potiers de Betschdorf et de Soufflenheim préparent un cahier des charges qui leur servira à demander l’IGP. En général, celle-ci n’est accordée que pour des produits alimentaires, comme la choucroute ou les pâtes d’Alsace. Si les potiers l’obtiennent, ils seraient les premiers à avoir une IGP pour des produits non alimentaires : « Si nous réussissons, la répression des fraudes et les douanes ne laisseront plus entrer les contrefaçons. Tout produit avec une inscription « Alsace » qui n’est pas fabriqué ici sera refusé. Des décors et des couleurs seront protégés. Nous pourrons faire découvrir ou redécouvrir la poterie alsacienne, qui est très importante ici. Que serait la région sans le moule à kougelhopf ou le moule à baeckeoffe », ajoute Peggy Wehrling.
Les potiers font bouger les choses
Mathieu Remmy, de Betschdorf, fait également partie des potiers qui se mobilisent pour l’IGP et la protection du savoir-faire. Dans le village, avec d’autres confrères, il a aussi participé à une première : un partenariat avec des personnes handicapées. « M. le Maire André Weiss a rencontré une personne de l’Association Régionale d’Aide aux Handicapés Moteurs. L’idée d’un partenariat est née ainsi », nous explique-t-il. « Nous avons réalisé les pièces, les handicapés les ont décorées puis nous les avons cuites. Ces pièces seront exposées et vendues à la Foire européenne d’art contemporain ST-ART, à Strasbourg dans quelques jours. Cela nous fera connaître, tout en faisant une bonne action, car les bénéfices iront à l’association. »
Une initiative qui prouve que les potiers sont bel et bien là et qu’ils ne se laissent pas abattre.