Hôpital militaire, lieu pour indigents, caserne, prison… le bâtiment néo-classique qui abrite depuis 2001 la médiathèque de Haguenau cumule près de 250 ans d’histoire. Et quelle histoire ! « Ce bâtiment au coeur de la ville a de la gueule », sourit Pierre Strasser. L’ancien maire de Haguenau (1993 à 2008) était aux premières loges lorsque la décision a été prise de transformer le lieu en un équipement culturel. À l’origine, la bibliothèque municipale était abritée au Musée historique.
« Une surface modeste de l’ordre de 200 mètres carrés qui regroupait les réserves de livres et la salle de lecture d’une vingtaine de places. C’était très étroit », rappelle Pierre Strasser. À la fin des années 90, l’idée de placer la future médiathèque dans l’ancienne prison fermée en 1986 fait son chemin. « L’idée était aussi de coupler le lieu avec l’IUT qui avait été créé en 1996 », précise Pierre Strasser.
Pour un franc symbolique
Seulement voilà : l’État cherche à se débarrasser du bâtiment à l’abandon pour 20 millions de francs (près de 4 millions d’euros). La ville se porte alors candidate… pour un franc. « Il y a eu divergence de prix », sourit Pierre Strasser. « Haguenau avait payé le bâtiment en 1788 pour qu’il devienne un hôpital militaire, ce qu’il n’a jamais été. Les négociations avec l’État ont été assez âpres. L’équipe municipale ne souhaitait pas en faire une opération immobilière et raisonner en termes de terrain constructible», explique l’ancien maire. Pierre Strasser laisse un temps, puis ajoute, un sourire dans la voix : « L’État ne manquait pas d’humour, car il a laissé dépérir le bâtiment qui était sur le point de céder et il a classé la façade et la toiture aux Monuments historiques ». La ville obtient finalement le feu vert et démarre l’énorme chantier de reconversion : destruction des cellules, changements des niveaux, introduction de l’escalier central. La bibliothèque municipale de 200 mètres carrés se mue en une médiathèque de 2000 mètres carrés.
En 2001, le nouvel équipement ouvre ses portes avec succès. Pierre Strasser conclut : « Il y a eu énormément de nouveaux abonnés. C’était le signal que ce lieu répondait à un besoin. Et quand je vois aujourd’hui tous ces jeunes, ces ados, ces adultes qui s’y rendent, je trouve que c’est une réussite ».