Son voisin la surnommait « la Reine des neiges », parce qu’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Ludivine chantait « devant les dessins animés Disney » avec sa sœur : « J’avais les paroles dans un carnet, et un micro en plastique », rigole-t-elle. Elle commence très tôt la flûte traversière à l’école de musique d’Alsace du Nord, et découvre le chant en 6e. Mais « quand ma prof est partie, ma motivation aussi ». Les années collège sont synonymes de harcèlement pour elle, sans parler du covid. Pourtant « quand j’étais isolée, je n’avais que la musique et c’est devenu plus qu’une passion, une bouée de sauvetage, j’ai réussi à rebondir ».
Elle charge son père de lui trouver « une bonne prof », il cherche « quelqu’un qui la pousse au chant classique » et la déniche à Rastatt en 2021, par le bouche-à-oreille. Ludivine découvre un style qu’elle croyait « vieillot », et doit s’adapter à l’allemand et à l’heure de route depuis le lycée Stanislas de Wissembourg. Sa voix cristalline de soprane la mène à son premier concours en janvier 2023, qu’elle gagne avec des Lieder et « le Hans im Schnokeloch en version lyrique ! »
La « petite Française » finit première
Cette année, Ludivine est passée en catégorie comédie musicale, avec « une histoire autour de La vie en rose, un parapluie, un chapeau, et de la danse ». Malgré une entorse à la cheville contractée juste avant, « la petite Française qui n’avait pas de place en France »
finit à nouveau première au Jugend-Musiziert Rastatt-Baden-Baden avec 25 points sur…25 et fait la fierté de son école.
Le jeudi 14 mars, elle visera la victoire au concours régional à Offenbourg pour espérer aller au national. Ses parents l’excuseront au lycée et poursuivront leur soutien plus que logistique, puisque sa maman dit avoir « pris la mesure de sa posture d’artiste l’an dernier à Wissembourg devant 300 spectateurs. Il y a eu une standing ovation pour Je suis malade, il s’est passé quelque chose, comme de l’électricité ». Depuis, Ludivine anime des soirées, des mariages, des fêtes, et continue d’émouvoir dans les églises. Son premier clip a aussi été publié sur YouTube, « une cover d’Ed Sheeran ». Si elle se méfie encore des réseaux sociaux, elle sait qu’« on peut vite prendre la grosse tête, mais tout me ramène les pieds sur terre ». Elle se décrit tout sourire comme une ado normale et prépare
« deux beaux projets pour 2025 ». « Et le bac », ajoute sa maman.