Les branchages, un arbre mort, des composts aux quatre coins du jardin, Sébastien Heim n’apporte rien en déchetterie et résume fièrement : « Il y a là-dedans plus d’habitants qu’en Chine et au Pakistan réunis » avant d’énumérer, bactéries, algues, protozoaires, champignons, acariens, collamboles, vers blancs, larves… « C’est fascinant, et dans le cadre d’un équilibre, c’est un appel vers les prédateurs, orvets, crapauds, salamandres, oiseaux… » Tout ce petit monde se retrouve sur les 6200 m² de sa propriété, qu’il « a achetée pour les insectes, car je me devais d’agir ».
Révolté par « l’univers minéral des rues, où tout le monde s’agglutine alors qu’aujourd’hui on a très chaud et qu’on est condamné à acheter des pommes du Chili », l’horticulteur de formation se souvient de son enfance passée à Neubourg, à quatre pattes dans l’herbe. Il travaille en intérim jusqu’à 33 ans, pour « alterner six mois de contrat et six mois de voyage », à Madagascar, aux Galapagos, en Malaisie, en Ouzbékistan qu’il décrit comme « un musée à ciel ouvert ». Sébastien travaille ensuite dans un groupe pharmaceutique,
« ce qui m’a permis de fonder une famille et d’acheter cette maison ». Aujourd’hui, à 50 ans, il se consacre à Hymenoptera conseils pour aider les particuliers ou les collectivités dans leur retour à la biodiversité, et aux visites de son jardin.
Sus aux moustiques
Pas un pas sans que l’homme-insecte s’arrête et pointe du doigt un hyménoptère, une belette qui file sous un tas de bois ou des lézards dans leurs pierriers. « Pour attirer le vivant, il faut une mosaïque de contrastes, contrairement à un gazon tondu à ras. Ici le sol est riche et c’est toujours vert » montre-t-il « et là-bas, j’ai créé des zones maigres, avec du sable. J’ai jeté des graines, et j’ai des fleurs à profusion, c’est open-bar pour les butineurs ».
Bien qu’il ait deux mares et une rivière, il ne connaît pas de problème de moustiques, parce que « les herbes hautes permettent aux araignées de tisser des toiles, les libellules se chargent des larves et les chauves-souris du reste ». Un côté sauvage, un côté organisé de la main de l’homme, pour lui, « le jardinier est la clé pour créer des oasis de la biodiversité ».
L’info en plus
Sébastien Heim a écrit un livre, La biodiversité augmentée au jardin, disponible début mai en réédition. Vous pouvez le retrouver sur Facebook Hymenoptera-Conseils, et visiter son jardin tous les week-ends d’avril à octobre (10€ par adulte), uniquement sur réservation au 0651825701.