L’auteur est avant tout un homme de montagne. L’air rare, les crêtes acérées, l’ivresse des sommets : il connaît. En 2023, il avait ému la France entière avec Son odeur après la pluie, hommage à Ubac, son bouvier bernois disparu. Un livre lumineux, derrière lequel se cachait un drame.
Le 12 août 2022, au-dessus des vallées du Haut-Adige, Cédric et Mathilde, sa compagne depuis plus de vingt ans, volent en parapente. Deux silhouettes suspendues dans la lumière. Puis, la chute : cent mètres plus bas. Corps brisé, moelle épinière sectionnée. Le verdict tombe : l’irréversible est annoncé. De cette secousse naît Où les étoiles tombent, un récit de haute voltige où la montagne est partout. Chaque chambre d’hôpital devient un camp de base, chaque transfert un col à franchir, chaque geste médical une prise à saisir. L’écriture avance comme dans la neige : lente, mesurée, précise.
Mais ce livre n’est pas qu’un récit d’accident : c’est l’histoire d’une ascension intérieure. Depuis leur rencontre à l’université, Mathilde et Cédric ont marché côte à côte, guidés par le même goût de lumière et de liberté. Quand tout s’effondre, il reste ce que l’on a bâti ensemble, ce que l’on porte à l’autre d’amour et de folie. Face au corps brisé, il dit l’effroi, mais aussi la tendresse intacte. Face aux souvenirs effacés, il devient guide, restituant un à un les paysages de leur passé commun. Là réside la force de la littérature : poser des mots pour tenir debout, transformer les maux en phrases qui permettent d’avancer.
Pudique et profondément humain, Où les étoiles tombent rappelle qu’au cœur même de nos empêchements subsiste toujours une étoile capable de faire taire la nuit. Et si ce livre touche si fort, c’est qu’il le fait sans fracas, dans l’humilité d’une voix qui sait que les mots, parfois, sont des cordes qui sauvent.
