Il est de ces rencontres qui se font au détour d’un échange spontané et sincère. Avec Patrick Lorentz, tout a commencé par un simple message via Instagram : un petit clin d’œil au sujet d’une de mes actus qui en disait déjà long sur son attention aux autres. Je me suis alors empressée de découvrir son univers. Et je me suis régalée. Sur son compte Insta, suivi par plus de 38 000 followers, Patrick propose des tutos make-up, partage ses coups de cœur « cométiques » et dispense des conseils simples et efficaces pour sa communauté de « Patrickettes » en quête d’embellissement. Mais pas que !
Avec son charisme et son énergie communicative, le pro du make-up vous fait à lui seul l’effet d’une cure de jouvence. Ses fans viennent s’abreuver d’astuces et au passage, faire le plein de bonne humeur. Patrick Lorentz met du glow dans la vie de celles et ceux qui le suivent. Et il ne se limite pas aux paillettes et aux palettes. Il évoque aussi volontiers d’autres sujets qui lui tiennent à cœur, comme son goût pour la cuisine ou sa passion pour les chats et les siens en particulier, Django et Théo. Il faut dire que sa communauté le lui rend bien. Il reçoit des centaines de messages par jour auxquels il prend soin de répondre, un à un.
Avec un tel succès et une communauté aussi fidèle, Patrick aurait de quoi prendre la grosse tête. Le petit nom donné à ses followers peut d’ailleurs sonner un brin mégalo pour qui ne le connaît pas. Mais il n’en est rien. L’expression « Patrick et ses Patrickettes » a été lancée par une spectatrice lors d’un live du make-up artiste débuté sur une musique de Claude François. Elle a beaucoup amusé Patrick qui l’a conservée. Mais elle reflète bien plus l’attachement sincère – intime, presque fusionnel – qui le lie à sa communauté qu’une enflure d’ego.
Derrière le glow, une histoire de résilience
Ne jamais se fier aux apparences. Derrière son regard intense et sa beauté magnétique, Patrick Lorentz porte aussi l’histoire d’un combat. Celui d’un garçon sensible, harcelé à l’école à cause de son homosexualité, au point d’en être terrorisé. Son salut, il le trouve en quittant le cursus général pour suivre sa meilleure amie qui se destine à la coiffure. Un environnement bienveillant lui tend enfin les bras.
« Les opportunités s’enchaînent pour Patrick qui a manifestement trouvé sa voie »
Après un CAP chez Coiffure D’Alberto à Strasbourg, il est embauché au salon Weber, place Kléber. Il ne le sait pas encore, mais il est à un cheveu de faire face à une épreuve qui va bouleverser son destin. Il développe une allergie sévère aux produits capillaires et est déclaré inapte par la médecine du travail. Il bifurque alors vers la restauration. D’abord serveur dans une pizzeria, il rejoint le restaurant l’Horloge gastronomique de l’hôtel Suisse. Il y gagne très bien sa vie, mais n’en a plus vraiment, de vie ! Pendant cinq ans, il bosse de 9 à 2 heures du matin, sacrifiant tout à son travail : son repos, ses relations sociales, ses loisirs, son bien-être… Jusqu’à ce qu’un jour, en passant devant une parfumerie rue des Hallebardes, le déclic se produise. Patrick veut plonger dans cet univers qui semble le happer.
Il postule partout. Mais les refus s’enchaînent : seules les femmes sont recrutées dans ce secteur à l’époque. Encore une fois victime de discrimination, Patrick ne baisse pas les bras. Il finit par décrocher un poste dans cette fameuse parfumerie qui l’a tant fait rêver. Il y reste deux ans et se fait remarquer. Son charisme naturel et son sens de l’écoute font des merveilles. Il prend le temps de conseiller, crée une relation de confiance avec les clientes. Et il vend. Un talent qui vaut de l’or ! Pas étonnant donc qu’il commence à être courtisé. Débauché par la maison Weber, son premier employeur après le CAP, il se fait un nom dans l’univers de la beauté. Sans école, sans formation officielle, mais avec un atout majeur : sa passion !
Quand la passion ouvre toutes les portes
Sa fascination pour le maquillage n’a rien d’une lubie passagère qui s’estompe avec le temps. Elle est profondément ancrée en lui, et ce, depuis l’enfance. Patrick se souvient avoir passé des heures à regarder sa mère se maquiller, assis sur le rebord de la baignoire. « Elle s’apprêtait tous les jours, raconte-t-il, même quand elle restait à la maison. J’étais captivé par la transformation qui s’opérait devant mes yeux. J’adorais manipuler ses produits, sentir leur parfum, l’odeur rance du rouge à lèvres. Je me souviens encore de la référence d’un de ses rouges à lèvres, French Geranium, d’Estée Lauder. »
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Les opportunités s’enchaînent pour Patrick qui a manifestement trouvé sa voie. Un jour, une formatrice d’une marque de luxe lui souffle un conseil : frapper à la porte des grandes maisons. Patrick envoie alors sa candidature à Estée Lauder et Yves Saint-Laurent. Estée Lauder le convoque à Paris pour un entretien où il pose les bases de ce qui deviendra une carrière iconique. La marque, séduite par l’œil aiguisé et la dextérité de l’autodidacte, l’embauche et lui permet de peaufiner son art dans une école de maquillage.
Pendant plus de trente ans, Patrick sera l’un des visages incontournables d’Estée Lauder en France. Il forme les conseillères, murmure à l’oreille des journalistes beauté, maquille les célébrités sur des shootings. Un maquillage signé Patrick Lorentz, c’est un éclat naturel, une touche de lumière posée avec justesse. C’est l’art de sublimer la beauté de chaque femme, de magnifier sans masquer, de révéler sans travestir.
Aujourd’hui, Patrick est un tout jeune retraité heureux. De retour au bercail, il savoure le calme provincial après des années de vie parisienne effrénée qui l’ont rendu, à sa grande surprise, très casanier. S’il reste attaché à Estée Lauder, il goûte désormais à la liberté d’explorer de nouvelles collaborations et d’animer sa communauté en toute indépendance. Un boulevard s’ouvre devant lui, jalonné de possibilités, de rencontres et, sans doute, de nouveaux éclats à révéler. Car le glow, pour Patrick Lorentz, ne se limite pas aux reflets irisés d’un highlighter ou à la touche éclatante d’un fard bien placé. C’est une énergie, une signature, une façon d’habiter le monde et d’en révéler la beauté. Et à ce jeu-là, il est loin d’avoir dit son dernier mot !