Vous avez fait le choix d’entrer en politique alors que vous étiez encore très jeune. Pourquoi cette décision ?
En 1972, nous étions dans une période où le paysage politique commençait à changer en France. Ça s’est traduit en 1981 par l’élection de François Mitterrand. Comme toute une partie de la jeunesse, on va contribuer à ce mouvement. J’ai moi-même milité pour ce changement. J’étais investi dans les antennes de Wissembourg, proche de là où je résidais, et de Lyon, où je faisais mes études.
Vous n’avez pas attendu longtemps pour vous lancer dans vos premières campagnes. Quel souvenir en gardez-vous ?
Dans mon cursus politique, j’ai dû en faire une quinzaine. Ma première campagne législative date de 1978. Je me suis retrouvé face à François Grussenmeyer qui, à l’époque, était un monument dans le secteur. Quelque part, dans un territoire qui n’était pas en adéquation avec mes convictions, je n’ai pas hésité à les exprimer de manière explicite. À la fin des années 1970, nous étions dans un contexte où les gens avaient une véritable passion pour la politique. Les campagnes électorales attiraient du monde, y compris dans les réunions. Il y avait aussi des gens convaincus. Il y avait encore cette conviction qu’il était possible de créer une nouvelle société avec un mouvement collectif. Ce qui est beaucoup plus rare aujourd’hui. J’ai de nouveau été candidat en 2002 et j’ai pu mesurer comment la société française avait évolué. Un certain individualisme s’était développé. C’est encore une des problématiques de nos jours. Il y a eu une évolution et les partis politiques n’ont pas su s’adapter, comprendre que le monde avait changé, comprendre qu’on pourrait encore construire utilement la société en intégrant la totalité des personnes. Ce qui était le débat à l’époque n’est plus le débat aujourd’hui.
Votre attachement à votre territoire s’est traduit en 2004 avec votre élection au Conseil régional d’Alsace. Cette expérience a beaucoup compté pour vous, n’est-ce pas ?
Oui. L’expérience de conseiller régional m’a marqué à bien des égards. Deux personnages ont beaucoup compté pour moi dans cette expérience : le président Adrien Zeller, avec qui nous avons eu de longues discussions sur l’économie et qui était un personnage hors du commun, et Mariette Siefert qui, à l’époque, était vice-présidente du Conseil régional chargée du tourisme. Ce sont les deux dimensions qui, aujourd’hui, après toutes les péripéties, restent au cœur de mes préoccupations : le développement de l’économie et du tourisme. Un passage au Conseil régional ouvre des horizons.
En parallèle, vous résidez à Soultz-sous-Forêts et vous êtes très investi dans la vie communale !
Entre 1983 et 1989, je suis conseiller municipal. J’enchaîne avec un mandat de premier adjoint jusqu’en 2001. Ce n’est qu’en 2008 que je deviens maire de Soultz-sous-Forêts, alors que je suis conseiller d’Alsace. Ce n’était pas la première fois que je me battais pour accéder à ce mandat. Mais c’était peut-être au moment où les conditions ne s’y prêtaient pas que j’ai été élu. Ce qui me fait dire cela, c’est qu’à l’époque, c’était encore une élection unipersonnelle à deux tours. Au premier tour, la liste du maire sortant n’avait pas la majorité à une voix près. De l’autre côté, il n’y avait qu’un élu d’opposition : c’était moi. Au deuxième tour, on a remporté tous les sièges, de telle manière que le maire sortant soit en minorité. Il y a eu un renversement complet entre les deux tours. Avant de le devenir et en devenant maire de Soultz-sous-Forêts, j’ai pleinement mesuré la responsabilité qui m’incombait. La commune a un rôle d’équilibre particulier dans ce territoire, entre Haguenau et Wissembourg. Sa géographie, son histoire, sa polarité sur le plan culturel, la desserte des transports en commun, ses services et ses commerces la rendent attractive. D’entrée, tous ces éléments font que le maire a une responsabilité particulière qu’il va falloir porter, et pour laquelle il va falloir être à la hauteur. C’est ce qui m’a amené à travailler sur la gare pour qu’elle devienne un pôle d’échanges multimodaux, sur la mutation des services, sur le développement de la périphérie, sur la dimension éducative et sur la fonction culturelle.
En 2014, le Hattgau et le Soultzerland fusionnent. La Communauté de communes de l’Outre-Forêt est née (CCOF). Vous en devenez le second président, après Charles Graf. Quelles étaient vos missions ?
Nous nous retrouvons avec deux entités, le pôle Betschdorf-Hatten et le pôle Soultz-sous-Forêts qui, historiquement, n’ont pas de convergences naturelles. L’idée était d’abord de donner une identité à ce territoire, en le traduisant dans tous les documents d’urbanisme, de stratégie et d’aménagement. Il a aussi fallu lui donner des moyens sur le plan fiscal, mais aussi travailler sur son économie. Nous souhaitions que les comportements d’achat des locaux soient relocalisés sur le territoire, que les centres-villes puissent aussi en bénéficier et que les déplacements soient limités.
En 2020, à l’aube de l’épidémie, vous ne souhaitez plus vous présenter à la mairie de Soultz-sous-Forêts. Pourquoi ?
Si j’ai décidé de passer la main, c’est que je pense qu’après deux mandats, il faut un renouvellement des idées. Un élu doit apporter quelque chose de nouveau. À un moment, une nouvelle personne doit prendre la main et réaliser une nouvelle impulsion. Je trouve que nous sommes en train de réussir la mutation sur Soultz-sous-Forêts. Mais j’ai toujours été intéressé à continuer à travailler au niveau de la CCOF, en tant que vice-président. Encore aujourd’hui, je suis toujours investi sur les axes majeurs de ma vie : le tourisme et l’économie. Nous avons une carte à jouer. Je reste toujours fidèle à mes convictions, à mon territoire et surtout à la ville de Soultz-sous-Forêts.