Ce lundi matin, ma voisine est venue chez moi avec l’empereur, sa femme, le p’tit prince et des chocolats. Ils m’ont serré la pince et ma voisine a dit que Pâques étant venu, il nous fallait décider. J’ai pensé qu’elle parlait de nous, d’elle et moi, de notre avenir radieux, de nos prochaines vacances et de notre mariage célébré par l’empereur, sa femme et le p’tit prince. J’ai imaginé une plage abandonnée, coquillages et crustacés. Vous savez comme au cinéma lorsqu’un personnage rêve dans un effet suréclairé avec un morceau de violon pour l’ambiance. J’étais à deux doigts de l’embrasser quand j’ai lu sur ses lèvres : alors ? Macron ou Le Pen ? Ça m’a un peu refroidi, je n’avais plus que mes yeux pour pleurer. Je me suis demandé s’il était possible de se connaître si mal. En effet, et pas de ciné cette fois, les deux projets sont tellement éloignés que normalement tout le monde sait pour qui son voisin va voter. Question de comportement je pensais, d’humanité aussi, de mémoire, œil pour oeil. OK, avec nos deux finalistes, on part de loin. Mais quand même. Des deux, qui est depuis longtemps le plus proche des valeurs démocratiques ? Des deux, quel est le discours de façade ? Quel programme aggraverait la délinquance dans les banlieues et pousserait facilement vers l’islamisme ceux qui, quoi qu’il arrive, resteront français ? Quel projet sera le plus juste pour l’unité de la France ? Quel projet poursuivra la réduction du chômage ? Qui parle de culture ? Quel projet défendra réellement le pouvoir d’achat sans faire de promesses inconsidérées ? Quel projet confirmera l’engagement de la France pour l’Europe ? Qui des deux surévalue les chiffres pour servir sa cause ? Quelle est la meilleure formule pour la réforme des retraites sans mener la France à la faillite ? L’empereur, sa femme et ma voisine avaient les réponses. Ce mardi matin, ils sont revenus chez moi et comme j’étais là, le p’tit prince a dit : puisque c’est ainsi, nous mangerons tout le chocolat. Il y a des jours où l’essentiel saute aux yeux.