Les chiffres dévoilés par les Universités de Central Lancashire et de Leeds au Royaume-Uni n’étonnent guère la psycho-somatothérapeute Nina Lemarquis à qui nous avons demandé de réagir.
Pour elle, dont la spécialité est d’aider les couples en difficulté depuis trois ans à Haguenau, trouver l’orgasme chez une femme est plus complexe que chez un homme, mais les causes principales sont ailleurs : « Une femme peut faire passer le plaisir de son partenaire avant le sien. Elle peut aussi s’interdire de prendre sa place dans la relation, être bloquée par un tabou ou la peur. Mais certaines femmes exagèrent leurs sensations ; pour elles c’est une façon d’atteindre l’étape de la jouissance suprême, l’orgasme à deux », déclare la psychanalyste. Autre possibilité : feindre le plaisir permet de guider son partenaire : « C’est une manière de lui dire qu’il est sur la bonne voie », poursuit-elle.
La simulation révèle le fonctionnement d’un couple
C’est également ce qu’affirme une écrasante majorité de femmes interviewées pour cette enquête. Elles “en rajoutent” dans le but avoué de booster l’ego de leur partenaire ou pour l’aider à arriver à l’orgasme lorsqu’elles sentent qu’il est proche. La deuxième raison la plus citée est, à l’inverse de la première, liée au manque d’excitation, à l’ennui ou l’envie d’en finir au plus vite. Les femmes font semblant pour pousser leur compagnon à jouir et mettre un terme à un rapport qu’elles jugent peu satisfaisant et qui peut refléter un «symptôme» ou révéler un mal-être, un déficit de confiance, une incapacité à s’affirmer, à exprimer le fait qu’elle ne ressente pas de plaisir. C’est aussi la traduction d’une forme de peur du regard de l’autre, la peur de le perdre et de détruire son couple en abordant ces questions.
Alors, une femme qui simule est-elle une femme qui vit avec un homme qui ne sait pas s’y prendre ? Pas forcément selon Nina. « Elle peut prendre du plaisir sans aller jusqu’à l’orgasme, alors que pour un homme c’est le cas », précise Nina Lemarquis. « Les femmes disposent du lieu ultime du plaisir féminin, le clitoris. C’est un endroit qui est trop peu souvent stimulé pendant les relations sexuelles, que ce soit par elle-même ou par son partenaire ».
Le point essentiel est le silence, avant, pendant et après l’acte
Pour elle c’est avant tout un problème de communication, un problème de langage. « La rencontre sexuelle est l’union du corps et de l’esprit, et au début il est forcément compliqué de savoir comment fonctionne l’autre. Il faut communiquer pas seulement par les mots, mais aussi par le corps, échanger, dire ce que l’on veut ou ce que l’on n’aime pas, cela donne une autre dimension à l’acte sexuel et permet de lâcher prise. Pourquoi l’atteinte de l’orgasme ne dépendrait-elle que de l’homme ? Communiquer c’est aussi prendre la main de son partenaire, poser cette main sur le corps, montrer les gestes, le guider », poursuit Nina.
Une étude de Debby Herbenick and Partners accorde une importance toute particulière à la communication. Il est démontré que les personnes les plus timides, les femmes qui n’osent pas prononcer le mot « clitoris », qui ont du mal à extérioriser leurs sentiments, à évoquer leur sexualité, sont beaucoup plus portées sur la simulation. Celles qui, au contraire, ont plus d’aisance à parler de leurs préférences atteignent plus facilement l’orgasme.
La conclusion de la psycho-somatothérapeute s’impose, « un couple doit communiquer ». Et s’écouter ? Il paraît qu’au moment de l’orgasme, le rythme cardiaque s’accélère. Le nombre de battements de cœur de sa partenaire permet à un homme de savoir si elle jouit.
Voilà, une solution pour tout connaître de l’autre, même s’il est vrai que dans ces moments-là, les hommes ont autre chose à faire et à penser.
Témoignage : Bénédicte, 42 ans.
Pour quelles raisons une femme simule-t-elle ?
Pour ne pas vexer l’autre. Pour lui faire plaisir, pour qu’il ait l’impression que c’est bon. Certains hommes prennent très mal l’absence de jouissance chez leur partenaire, alors que ce n’est pas l’ultime récompense de l’acte sexuel. Il faut que les hommes acceptent que les femmes ne jouissent pas forcément tout le temps.
Simuler, c’est quand même tricher ?
Pour moi, c’est plus un acte d’amour. Parfois, on arrange les choses, cela ne veut pas dire qu’on triche, ce sont les rapports humains qui sont comme ça et le sexe ne fait pas exception des compromis que l’on fait. La simulation permet d’équilibrer les choses. C’est aussi pour éviter la discussion, car il y a des hommes qui se vexent tellement pour cette raison que cela devient compliqué.
Si vous ne jouissez pas, que se passe-t-il ?
Avec mon partenaire actuel, ça peut arriver, on n’est pas des machines, c’est juste que cela n’a pas fonctionné à ce moment-là, pour des raisons mystérieuses. Mais dans ce cas, je lui dis, car je sais qu’il ne le prendra pas mal.