Christiane Geisselbrecht, la passion du théâtre
Voilà vingt ans que Christiane Geisselbrecht a redonné vie au théâtre alsacien, en montant une troupe de jeunes comédiens à Furchhausen : la Compagnie d’Heckeland’r. Une initiative rare et précieuse, récompensée par un Trophée dans la catégorie « Individuels ».
En 2004, Christiane découvre dans sa boîte aux lettres un tract qui relance l’idée d’un théâtre alsacien à Furchhausen. Un souvenir d’enfance refait alors surface :
celui des planches, dans son village natal de Dettwiller. Elle rejoint la première réunion sans imaginer qu’elle deviendra, très vite, la « mamie de la troupe » : gâteaux maison à la main et conseils avisés en poche.
Un an plus tard, elle fonde une troupe de jeunes comédiens. Elle les observe, apprend à les connaître, et commence à écrire elle-même des sketchs en alsacien. « Ce sont des saynètes de 20 minutes sur des thèmes joyeux, car les enfants ont envie de rire. Il faut leur laisser ça », confie la dramaturge. Parents et grands-parents accompagnent, traduisent, soutiennent.
À partir de 2017, la troupe s’ouvre aux villages voisins : « On était les seuls à avoir une troupe de jeunes dans les alentours. Ce n’était pas envisageable de dire non à des enfants qui voulaient monter sur scène. On leur demande de parler l’alsacien comme ils le parlent à la maison, car chaque village a son dialecte. C’est ce qui rend les scènes si vivantes », assure Christiane. Aujourd’hui, ils sont une petite dizaine à se produire. Et ce qui les lie, au-delà des répétitions, ce sont les sorties, les soirées blagues, les marches nocturnes… une véritable bande de copains soudée par l’alsacien. « Je me détache un peu, il faut laisser la place aux jeunes… mais tant que ma santé me le permet, je serai toujours avec les Heckerland’r », confie Christiane, 76 ans, qui continue de transmettre avec humour et humilité.
Caroline Mosser et Ludovic Barthel chantent l’Alsace
De Roeschwoog à Huttendorf, leurs voix s’accordent autour de l’amour du dialecte et des traditions. Caroline Mosser, flûtiste passionnée, et Ludovic Barthel, trompettiste-chanteur, sont les lauréats de la catégorie « Initiatives Jeunes ».

©Nathan Sigaud Oncins.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de chanter et jouer de la musique en alsacien ?
C.M. : Nous avons grandi avec ces sonorités. Ludovic joue dans la Concordia et au sein du folklore de Dauendorf, les Daüederfer Lüsers. Moi, je suis membre de l’Harmonie Bord du Rhin à Roeschwoog, où l’on retrouve les classiques : polkas, marches alsaciennes… Nous avons parfois chanté avec le groupe folklorique lors d’événements locaux, et avons eu la chance de participer à l’enregistrement de chansons alsaciennes, composées par des artistes de la région avec un orchestre éphémère. Nous avons aussi tenu les rôles principaux dans une comédie musicale dédiée à la culture alsacienne.
Comment est né votre duo ?
Nous sommes en couple depuis bientôt six ans. À l’origine, on nous a demandé de chanter ensemble quelques chansons en alsacien pour une animation avec le folklore de Dauendorf. Depuis, les projets se sont enchaînés naturellement.
Pourquoi est-ce important pour vous de transmettre le patrimoine alsacien ?
Parce que nos traditions rapprochent les générations. Elles nous donnent des racines, une histoire commune. Transmettre le patrimoine alsacien, c’est continuer à construire notre identité, à partir de celle de nos aînés. L’Alsace a une richesse culturelle incroyable, elle mérite d’être valorisée.
Que représente pour vous ce trophée des Schwälmele ?
Une grande fierté ! C’est une belle reconnaissance pour notre engagement. Cela montre aussi que nous ne sommes pas les seuls à vouloir faire vivre notre culture. Ce trophée, c’est une motivation supplémentaire pour continuer à chanter l’Alsace.
Simone Sommer, le cœur en kelsch
À Hunspach, Simone Sommer a redonné vie à une maison familiale… et à tout un pan du patrimoine alsacien. Rencontre avec la (seule) lauréate de la catégorie « Entreprise ».

Couturière créative, Simone Sommer a fondé Kelsch’idée, une boutique dédiée au tissu traditionnel alsacien, qu’elle décline en nappes, coussins et créations de saison. Le tout cousu main dans un kelsch authentique, tissé selon les méthodes d’antan, bien connues de la famille Gander. Mais cette passionnée d’Histoire ne s’est pas arrêtée là. Derrière sa boutique, elle a rénové sa grange de 1732 pour y installer un musée vivant, pensé comme un voyage dans le passé. En costume alsacien, elle y accueille les groupes de visiteurs, conte l’histoire de son village, explique l’origine des maisons blanches, du kelsch, et s’amuse à relier anecdotes historiques et expressions savoureuses. « Je dis par exemple que la culotte fendue, c’était le string de l’époque », glisse-t-elle en riant.
Fière de ses racines et de sa langue régionale, Simone tient à faire rayonner son village blanc, classé parmi les plus beaux de France. Elle propose des produits 100% locaux, valorise les savoir-faire artisanaux et met un point d’honneur à transmettre. Jusqu’à installer un vidéoprojecteur dans son musée pour que la mémoire continue, même sans elle. En avril dernier, une hirondelle a fait son nid dans sa maison. Un joli clin d’œil alors qu’elle s’apprêtait à recevoir le trophée des Schwälmele pour son engagement. « Une hirondelle, c’est un présage de bonheur. Un symbole de liberté, de courage et d’endurance. Son habilité et sa couleur lui valent le surnom d’arc et de flèche de Dieu. Pour mes 60 ans, c’était un signe… Je porte ce trophée avec beaucoup d’honneur », sourit notre Schwälmele de Hunspach.