Il y a quelques années, alors que j’allais sur la tombe de mon arrière-grand-mère à Sessenheim, une quinzaine de sépultures militaires m’ont intrigué.
Pas de fleurs ni de plaques souvenir, simplement des noms, des grades et le logo de la Royal Air Force : G. W. Owen, J. W. Douglas, R. G. Evans… Qui étaient-ils ? Comment sont-ils morts ? Juste à côté de la dernière tombe, j’ai aperçu une petite carte plastifiée avec une adresse : ma mère, également curieuse de découvrir leur histoire, et moi avons écrit un mail. Howard Sandall, dont l’oncle était mitrailleur de bord de l’escadron 622, nous a répondu. Depuis 25 ans, il effectue des recherches sur ces soldats et a ainsi pu nous envoyer des documents.
Une collision entre deux bombardiers
Le 12 septembre 1944, deux avions décollent à 18h27 de l’est de l’Angleterre, pour bombarder Francfort, en Allemagne. Vers 20h, alors qu’il survole l’Alsace, le Lancaster LM 512 du 625eescadron entre en collision avec le NF 965 du 622e escadron. Les deux prennent feu, et se crashent à environ deux kilomètres de Sessenheim. Les huit soldats du 625e escadron et les sept du 622e escadron, âgés de 20 à 37 ans, trouvent tous la mort. Cornish, Tointon, Ross, Askie, Evans, Douglas, Barker, O’Connor du LM512, et Owen, Drewett, Jamieson, Tofield, Vieritz, Minnis, Forrest du NF 965 étaient originaires d’Angleterre, d’Australie et du Canada.
Quatorze corps sont retrouvés, et les Allemands insistent pour les mettre dans une seule sépulture, sans cérémonie. Le lendemain, les villageois arrivent en nombre et déposent des fleurs malgré l’opposition considérable des Allemands. Six mois plus tard, le quinzième corps est localisé sur la rive gauche de la Moder, près de Stattmatten, et ajouté à la sépulture. Aujourd’hui, quinze pierres tombales rappellent le sacrifice de ces jeunes hommes venus de contrées lointaines, dans un conflit qui aura marqué l’histoire mondiale, il y a tout juste 80 ans.
Sources : www.francecrashes39-45.net (n° de fiches 1493 et 1494),
www.cwgc.org et traduction des documents du 14 septembre 1945 et du 28 mai 1947.
L’info en plus
Dominique Bedell, l’adjoint au maire de Sessenheim qui avait organisé des commémorations en 2020, précise que « les corps ont été exhumés après-guerre, nous avons gardé les tombes en mémoire simplement ». Il se souvient de la visite « de descendants des équipages venus fleurir les tombes », sous l’égide de la Commonwealth war graves commission (CWGC). Elle a la charge des cimetières militaires dans 150 pays, dont 3000 sites pour 50000 soldats du Commonwealth tombés en France. (SB)