Maxi Flash : Avez-vous toujours eu un lien fort avec la forêt ?
Manuela Peschmann : Dans mon enfance, je vivais à proximité de la forêt, je suis originaire de Wimmenau, une chance ! C’est une force, et l’envie d’être en lien avec la nature est restée à l’âge adulte. À l’époque, on était beaucoup dehors, et les parents nous laissaient libres. Puis j’ai fait une maîtrise de biologie, et enseigné la SVT pendant dix ans. Mais il me fallait un meilleur moyen de transmettre ma passion et dans un virage de ma vie, j’ai découvert la sophrologie, qui permet de travailler un autre état de présence. Je faisais les exercices de pleine conscience dehors pour bénéficier des vibrations naturelles de la forêt. J’ai réexploré ce lien originel que j’avais à l’enfance, sans essayer de comprendre ou nommer.
Vous proposez pour cela la thérapie forestière ?
Ce sont des bains de forêt de deux heures, ou nocturnes, des immersions dans le silence… C’est une expérience sensorielle qui rééduque la conscience écologique de façon durable. Si l’affect est mobilisé, les gens auront envie d’y retourner. Il faut réitérer.
Vous formez aussi des gens à la sylvothérapie.
Depuis quatre ans, j’ai ce besoin de transmettre, et donner une meilleure image de la pratique parce qu’elle peut vite partir dans toutes les dérives. J’ai créé une formation sur deux jours, pour transmettre d’essentiel de mes 14 ans d’expérience. Mais je ne leur apprends pas à le faire, je leur donne des pistes, je veux qu’ils pratiquent, qu’ils empruntent le même chemin que moi.
Et les enfants ?
On peut venir avec des enfants d’un certain âge, mais un adulte doit pouvoir vivre son expérience pleinement, ce qui n’empêche pas de refaire la même chose par après. Les enfants ont naturellement tout en eux, ils savent explorer sans trop réfléchir, si on les aide à accepter calme et silence sans objectif que rêvasser, plutôt que suivre un chemin balisé en un temps donné.
Entrer dans un bain de forêt
Un soleil timide, un tapis de feuilles mortes humides… En déroulant lentement le pied, « l’ancrage » a lieu en silence. Une tronçonneuse résonne, mais « aucun moment n’est parfait, la nature non plus ». Avec un bandeau sur les yeux et guidé vers un arbre, « la présence devient attentive et réceptive ». Et si une branche ou de la mousse viennent s’interposer, « on se dépasse un petit peu… » Lâcher prise, c’est faire confiance afin « d’exprimer les sentiments que la forêt aide à faire émerger ».
Infos : www.therapie-forestiere.fr